À Rimouski, les loyers ont augmenté beaucoup plus que les revenus des locataires

Rimouski, le 15 décembre 2014 – Entre 2006 et 2011, les loyers ont augmenté beaucoup plus que les revenus des locataires, de sorte que davantage de ménages se retrouvent aujourd’hui en sérieuses difficultés financières. C’est la conclusion à laquelle en arrivent le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et le Comité logement Rimouski-Neigette, à la lumière des données de l’Enquête nationale auprès des ménages, réalisée en 2011 par Statistique Canada. Les deux organismes ont rendu ces chiffres publics, à l’occasion de la présentation à Rimouski du Dossier noir sur le logement et la pauvreté, publié par le FRAPRU.

Véronique Laflamme, organisatrice au FRAPRU, a révélé que le revenu médian des ménages locataires de Rimouski n’est que de 26 844 $ par année, ce qui est inférieur de 5000 $ à la moyenne québécoise : « Entre 2006 et 2011, le revenu médian des locataires de Rimouski n’a augmenté que de 4 %, alors que le loyer médian, lui, progressait de 13 %, passant de 499 $ à 566 $ par mois. C’est ce qui explique que le nombre de ménages locataires consacrant plus que la norme de 30 % de leur revenu au loyer ait augmenté de 7 % en cinq ans et celui des ménages qui en paye plus de la moitié de 16 % ».

Le FRAPRU précise que 2675 ménages rimouskois, représentant le tiers des locataires de la municipalité, versent plus de 30 % de leur revenu en loyer. De ce nombre, 1145 en payent plus de 50 %, dont 485 plus de 80 %. Véronique Laflamme rappelle que les ménages concernés sont littéralement pris à la gorge : « Les gouvernements reconnaissent que les ménages doivent couper dans leur autres besoins essentiels, s’ils doivent consacrer plus de 30 % de leur revenu en loyer. Imaginez dans quelle situation ils se retrouvent s’ils doivent y engloutir plus de 50 % ou de 80 % de leur revenu pour se loger!».

 

Les personnes seules encore plus vulnérables

Jacques Métras, coordonnateur du Comité logement Rimouski-Neigette, a, pour sa part, décrit la situation particulièrement difficile vécue par les locataires vivant seuls : « Les personnes seules représentent 58 % des ménages locataires de Rimouski, ce qui est beaucoup plus que la moyenne québécoise. Or, ce sont celles qui sont les plus à risque de vivre des problèmes sérieux de logement, pas moins de 44 % d’entre elles payant plus de 30 % de leur revenu pour se loger ».

M. Métras explique qu’en raison de la faiblesse de leur revenu, les femmes locataires sont aussi plus nombreuses que les hommes à vivre des difficultés financières au niveau du logement. C’est aussi le cas des jeunes de 15 à 24 ans, ce qui est en large partie due à la situation de pauvreté dans laquelle se retrouve la population étudiante fortement représentée à Rimouski, compte tenu de la présence de maisons d’enseignement post-secondaire.

Le FRAPRU et le Comité logement Rimouski-Neigette mettent en garde le gouvernement Couillard contre toute volonté de sabrer dans les budgets déjà insuffisants réservés au logement social. Ils le pressent au contraire d’accroître les investissements dans la construction de nouveaux logements sociaux. « Les problèmes de logement sont suffisamment graves et urgents pour justifier le financement de 50 000 logements sociaux en cinq ans au Québec, dont 250 qui pourraient se réaliser à Rimouski. Dans le cas de notre ville, ce serait davantage que le nombre de logements sociaux qui se sont réalisés au cours des 20 dernières années ».

 

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