À Rosemont, un nombre grandissant de locataires paie un pourcentage trop élevé de leur revenu en loyer

Montréal, le 18 novembre 2014 – Le quartier Rosemont est toujours peuplé à 70 % de ménages locataires. Or, ceux-ci sont de plus en plus nombreux à payer un pourcentage exorbitant de leur revenu à se loger. C’est ce que révèlent des données dévoilées aujourd’hui par le Front d’action populaire en réaménagement urbain et le Comité logement Rosemont, à l’occasion d’une assemblée publique organisée le 18 novembre par les membres de la Priorité logement, un comité issu de la démarche Décider Rosemont Ensemble. Le Dossier noir sur le logement et la pauvreté publié par le FRAPRU est basé sur l’Enquête nationale auprès des ménages menée en 2011 par Statistique Canada.

Selon François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, « dans Rosemont, la statistique la plus frappante de l’Enquête est assurément l’augmentation de 19 % du nombre de ménages locataires versant plus de 80 % de leur revenu pour se loger ». Il se scandalise que 2735 ménages locataires du quartier se retrouvent désormais dans une situation aussi extrême : « Il ne reste à peu près rien à ces ménages pour subvenir à tous les autres besoins essentiels, à commencer par la nourriture ».

Le FRAPRU ajoute que le nombre de ménages locataires rosemontois payant plus de 30 % et de 50 % de leur revenu pour se loger a lui aussi augmenté entre 2006 et 2011, quoique dans une moindre mesure. Le nombre de ménages consacrant plus de 30 % de leur revenu pour se loger est passé à 12 510, une hausse de 2 % par rapport à 2006. Quant à celui des locataires en payant plus de la moitié, il est désormais de 5820, ce qui représente un accroissement de 4 %. En somme, 37 % des ménages locataires du quartier sont touchés par des difficultés financières d’intensité variable au niveau du logement, et ce, selon les normes mêmes des gouvernements, tel que le souligne François Saillant.

Il fait remarquer que les loyers ont davantage augmenté que les revenus dans le quartier entre 2006 et 2011. « Alors que le revenu médian des locataires a progressé de 10 %, la hausse a été de 12,5 % dans le cas des loyers. Ça explique, en bonne partie, pourquoi davantage de ménages se retrouvent aujourd’hui en difficulté», déclare M. Saillant.

Des groupes plus à risque

Martine Poitras, coordonnatrice du Comité logement Rosemont, constate que les personnes seules, qui représentent 56 % des ménages locataires du quartier, comptent pour plus de 70 % de ceux qui sont dans une situation critique. Elle considère que « cela en dit malheureusement long sur la pauvreté de ces personnes qui sont les grandes oubliées des politiques gouvernementales ». Elle précise par ailleurs que « parmi les personnes seules, celles qui ont moins de 65 ans et qui sont prestataires de l’aide sociale sans contrainte à l’emploi ne touchent que 610 $ par mois».

Le sort des nouveaux arrivants attire aussi l’attention du Comité logement. « Parmi les ménages locataires ayant immigré au Canada entre 2006 et 2011, 27 % paient plus de la moitié de leur revenu en loyer. Dans Rosemont, 18 % d’entre eux ont un taux d’effort de plus de 80 % », fait remarquer Martine Poitras. Elle ajoute que c’est aussi parmi ce groupe qu’on rencontre le plus fort pourcentage de ménages vivant dans un logement de taille insuffisante, soit 27 %, alors que ce pourcentage est de 7 % parmi la population non-immigrante du quartier. « Les familles avec enfants sont beaucoup plus nombreuses parmi les ménages issus de l’immigration récente. Or, beaucoup n’ont pas les moyens de se payer un logement suffisamment grand et n’ont aucun autre choix que de s’entasser ».

Sonner le réveil

Le Comité logement Rosemont espère que la divulgation du portrait à jour de la réalité du logement vécue dans le quartier alertera l’ensemble des élus du quartier. « Tout le monde doit prendre la mesure des graves problèmes de logement vécus dans le quartier et agir pour faire changer les choses. Il ne faut pas attendre que des locataires se retrouvent à la rue pour admettre qu’il y a des problèmes à régler », s’exclame Francis Lapierre, citoyen impliqué à la Priorité logement.

L’organisme exige une sérieuse augmentation du nombre de logements sociaux dans le quartier, d’autant plus que la liste d’attente pour un HLM atteint 1900 noms dans l’arrondissement de Rosemont-Petite-Patrie et que le Comité logement dispose lui-même d’une liste de 1300 ménages en attente d’une coopérative ou d’un logement géré par un Organisme sans but lucratif (OSBL).

Cela est d’autant plus nécessaire, à son avis, que le marché privé a délaissé la construction de logements locatifs. De janvier 2011 à octobre 2014, à peine 451 logements locatifs ont été mis en chantier dans un vaste secteur comprenant non seulement Durant la même période, pas moins de 3670 unités de condominiums ont été mises en construction. C’est huit fois plus!

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