Audience à Rouyn-Noranda: Des ménages à faible revenu incapables de se loger décemment

Le lendemain de l’audience à Rouyn-Noranda, des militantes et militants de l’Abitibi, de Montréal et de la Montérégie ont manifestéEs devant le bureau du ministre Luc Blanchette pour faire connaître leurs revendications (photo : Émilie E. Joly).

Le 12 septembre, la Tournée du FRAPRU pour le droit au logement s’est arrêtée à Rouyn-Noranda pour entendre des témoignages de locataires de l’Abitibi.

La région vit une pénurie de logements abordables depuis plusieurs années. Avec l’essor économique lié au développement minier, elle est aux prises avec une réalité difficile : les ménages à faible revenu sont laissés pour compte, incapables de trouver des logements décents, à des prix qu’ils peuvent payer. Les personnes vivant de prestations d’aide sociale ou de la sécurité de la vieillesse, les personnes seules, les familles monoparentales, les jeunes et les personnes âgées sont particulièrement touchées.

Des locataires de Rouyn-Noranda, d’Amos et de La Sarre ont témoigné de multiples problèmes de logement : insalubrité, besoins pressants de réparations majeures, problèmes de santé liés aux moisissures, harcèlement par des propriétaires, incluant des intrusions de domicile, discrimination dans la recherche de logement, coupures illégales d’électricité, délais ridiculement longs pour accéder à la Régie du logement, etc. Faisant écho à ces réalités, Jovette Pépin a évoqué la difficulté de revendiquer ses droits dans un milieu « où tout le monde se connaît ».

Maurice Kistabish, de Amos, et Josée Perreault, de La Sarre, ont dénoncé les moisissures et les champignons causés par des infiltrations et des dégâts d’eau, à un tel point « qu’il mouillait dans la maison à travers les néons », s’est exclamée Josée.

La pénurie de logement est bien illustrée dans les propos de Denis Deschamps. Il a raconté comment, alors qu’il se préparait à déménager, le locataire qui reprenait son logement a dû dormir dans une tente, sur le terrain, en attendant son départ, n’ayant nulle part où aller.

Dans tout l’Abitibi-Témiscamingue, on compte seulement 1545 HLM – dont plus des trois quarts sont destinés aux personnes âgées –, alors que plus de 500 ménages sont inscrits sur les listes d’attente de la région.

Yvette Bélanger a dû attendre 10 ans pour obtenir un HLM, une attente pénible pendant laquelle elle a vécu dans des logements insalubres, où elle avait l’impression de « chauffer le dehors ». Elle a également été victime d’une reprise illégale de la part d’un proprio qui disait vouloir reprendre le logement pour sa fille, alors que, finalement, c’est un autre locataire qui s’y est installé.

Quant à Kathy Bastien, après plusieurs années d’attente, elle a subi les représailles d’un propriétaire mécontent qu’elle obtienne finalement un HLM. Il lui a coupé l’électricité. Elle a perdu tout ce qu’il y avait dans son frigo. N’ayant pas les moyens de tout racheter, elle a dû se battre pour obtenir un dédommagement.

Finalement, Jacqueline Chiasson, qui a dénoncé une plomberie défectueuse et des branchements électriques illégaux, a constaté que « les proprios considèrent les locataires comme des personnes de deuxième classe ». C’est donc « pour ça qu’il faut se mettre ensemble pour revendiquer que nous sommes égalitaires, les locataires et les propriétaires », s’est-elle exclamée.