Bilan de la campagne sur le logement – Le FRAPRU déplore le manque d’ambition des équipes en lice à Montréal

Montréal, le 3 novembre 2017 — À deux jours des élections, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) dresse un bilan de campagne plutôt sombre pour les ménages mal-logés de Montréal, notamment les familles à faible et modeste revenus. Non partisan, le regroupement a analysé les propositions de l’équipe Denis Coderre et de Projet Montréal. Selon lui, leurs engagements n’ont pas pris la juste mesure des besoins.

Le FRAPRU juge que les objectifs de développement de nouveaux logements sociaux, des deux équipes, sont nettement insuffisants. « À l’heure actuelle, 180 180 ménages locataires doivent consacrer plus du tiers de leur revenu au loyer et 24 000 sont en attente d’un HLM; les 5000 logements sociaux promis par Denis Coderre et les 6000 de Projet Montréal sont bien loin du compte », s’exclame Céline Magontier, responsable des dossiers montréalais, au FRAPRU. « À ce rythme, ça va prendre plus de 120 ans pour répondre à leurs besoins », note-elle. L’organisme note toutefois que Projet Montréal semble mieux comprendre l’importance du logement social pour résoudre les problèmes des personnes et des familles mal-logées. Le regroupement lui accorde donc une meilleure note, mais l’invite à éviter l’amalgame des termes « logement abordable » et « logement social ». En effet, sa note aurait été encore meilleure si les 12 000 logements promis pour répondre aux besoins des ménages à faible et modeste revenu avaient tous été des logements sociaux.

Équipe denis coderre: le cancre, avec un « D »

« Malgré les nouveaux pouvoirs acquis par la Ville, Denis Coderre se contente de peu », analyse madame Magontier. Elle rappelle que le maire sortant n’annonce aucune nouvelle démarche auprès des gouvernements supérieurs pour obtenir de nouveaux investissements afin d’augmenter le parc de logements sociaux. Il ne prévoit, non plus, aucun achat et mise en réserve de sites pour des futurs projets d’habitation sociale. « Cela permettrait pourtant d’en réduire le coût et d’en accélérer la livraison », ajoute-t-elle. Seul le maintien de l’actuelle stratégie d’inclusion est annoncé, or celle-ci devrait être règlementaire afin de rendre obligatoire l’inclusion de logements sociaux dans les grands projets résidentiels.

Concernant l’enjeu de la rétention des familles en ville, l’Équipe Coderre propose de leur faciliter l’accès à la propriété. Or, rappelle le FRAPRU, les ménages locataires visés ont des revenus très modestes. Celui des couples avec enfants est de seulement 49 355 $ par année, tandis qu’il descend à 35 551 $ pour les familles monoparentales. « Comment accéder à la propriété avec si peu? », interroge madame Magontier. « Il est clair que la promesse ne concerne qu’une minorité plus favorisée », ajoute-t-elle. Le FRAPRU est également déçu de ses engagements en matière d’insalubrité. Bien qu’une augmentation du nombre d’inspecteurs et d’inspectrices soit proposée, ni une application plus rigoureuse du règlement municipal, ni des mesures plus coercitives à l’encontre des propriétaires délinquants ne sont annoncées. « Ça n’a pas d’allure de laisser des ménages vivre dans des logements qui les rendent malades », s’insurge madame Magontier, rappelant que le parc de logements de Montréal vieillit, souvent mal, faute d’un entretien suffisant. « L’insalubrité est une bombe à retardement qu’il faut prendre au sérieux, au plus vite », fait remarquer la porte-parole du regroupement.

Le FRAPRU déplore aussi que l’Équipe Coderre ne réponde pas à la demande d’un registre des baux, alors qu’il permettrait un meilleur suivi du marché locatif privé et des recours plus aisés pour les locataires, en cas de conversion illégale en condos ou d’augmentation abusive du loyer. Selon lui, cela pourrait être fait facilement, à même le rôle d’évaluation.

Enfin, le FRAPRU note que les engagements envers les personnes en situation de handicap sont minces. La seule mesure prévue est l’inclusion de 375 logements sociaux universellement accessibles dans les projets coopératifs et sans but lucratif. « Il est inacceptable qu’il y en ait si peu et que cette charge ne repose que sur le secteur social », proteste madame Magontier.

Projet montréal: en 1e position, avec « C + »

Le FRAPRU constate que la plateforme de Projet Montréal est plus ambitieuse, en prévoyant notamment : une réserve de sites pour le développement du logement social, des mesures réellement coercitives en matière d’insalubrité, un registre des baux et une plateforme de données pour le logement accessible. Il ajoute que si l’équipe de Valérie Plante s’engage à demander au gouvernement du Québec d’indexer le financement d’AccèsLogis, seul programme permettant de développer du logement social, elle devrait aussi revendiquer beaucoup plus d’habitations subventionnées pour Montréal. Quant à leur promesse inclusion au sein de grands développements privés, les objectifs visés devraient être adaptés aux les besoins des ménages mal logés selon les arrondissements.

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