Conférence fédérale-provinciale-territoriale sur l’habitation, à Victoria – Le FRAPRU veut que la future Stratégie pancanadienne sur le logement soit à la hauteur des droits et des besoins

Pancarte-maison On veut des logements sociaux(SSDL)Montréal et Victoria, le 27 juin 2016 – C’est parce qu’il veut s’assurer que la future Stratégie pancanadienne sur le logement, promise par le gouvernement libéral de Justin Trudeau, sera à la hauteur des droits et des besoins que le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) est présent, lors de la conférence fédérale-provinciale-territoriale des ministres de l’Habitation, qui a lieu aujourd’hui et demain, à Victoria, en Colombie-Britannique. Le FRAPRU et d’autres groupes de défense du droit au logement d’ailleurs au Canada organiseront diverses activités en lien avec la conférence, dont une manifestation à la porte de l’hôtel où elle se déroule. Ils ont aussi demandé de pouvoir y rencontrer le ministre fédéral de la Famille, des Enfants et du Développement social, M. Jean-Yves Duclos.

François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, estime que « la stratégie sur le logement, annoncée dans le budget du 22 mars, représente une occasion qui ne doit pas être gaspillée parce qu’elle déterminera les orientations à long terme des gouvernements pour s’attaquer aux problèmes de logement ». Il ajoute que « l’adoption d’une stratégie sur le logement basée sur les droits humains est l’une des recommandations qu’a formulées le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU, en mars dernier, au terme d’une comparution où le Canada a été sévèrement critiqué pour sa piètre performance en plusieurs matières, dont la lutte contre les problèmes de logement, d’itinérance et de pauvreté ».

Une consultation qui doit permettre l’expression des besoins

C’est Émilie E. Joly, organisatrice communautaire au FRAPRU, qui représente l’organisme lors de la conférence fédérale-provinciale-territoriale qui doit, en particulier, se pencher sur le processus de consultation devant mener à l’adoption de la stratégie. Elle estime que « la consultation doit permettre l’expression des personnes et des familles qui vivent les problèmes de logement et d’itinérance, ce qui ne sera possible que si les groupes qui travaillent directement auprès de ces populations, partout au Canada, en soient partie prenante ». Elle précise que « l’implication des groupes de défense du droit au logement dans les consultations est une exigence à respecter, que la consultation soit menée par le gouvernement fédéral lui-même ou encore par les provinces, les municipalités ou par des intermédiaires ».

Les attentes du FRAPRU face à la stratégie

Le FRAPRU porte de grandes attentes face à la future stratégie sur le logement. Selon l’organisme, celle-ci doit d’abord être basée sur les droits humains. « Pour être à la hauteur, la future stratégie doit reconnaître d’emblée qu’il s’agit bel et bien d’un droit et que celui-ci qui doit être inscrit formellement dans une loi canadienne », précise François Saillant.

Le FRAPRU estime également que la stratégie doit être accompagnée d’investissements majeurs. Il rappelle que le budget de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) tourne autour de 2 milliards $ par année depuis le début des années 1990. Il se réjouit que le budget du 22 mars ait annoncé des investissements additionnels en habitation de 2,3 milliards $ en deux ans, mais il estime que la stratégie, qui doit se pencher sur le plus long terme, doit aller beaucoup plus loin. À son avis, le budget de la SCHL doit être doublé pour que les 2 milliards $ supplémentaires servent au financement de nouveaux logements sociaux. Il affirme qu’un tel niveau d’investissement s’impose, compte tenu que 1 552 000 ménages canadiens, dont 989 000 ménages locataires, ont des besoins impérieux de logement, selon les évaluations mêmes de la SCHL.

Enfin, le FRAPRU considère incontournable que la stratégie confirme le maintien des subventions à long terme toujours versées à 504 200 logements sociaux, dont 365 000 habités par des locataires à faible revenu. Émilie E. Joly souhaite même que l’annonce se fasse plus rapidement encore. « Le budget de mars a prolongé de deux ans les subventions accordées aux locataires à faible revenu demeurant dans des coopératives et des OSBL d’habitation gérés directement par la SCHL, mais ça n’a résolu qu’une partie du problème et de manière beaucoup trop temporaire. L’inquiétude demeure donc vive parmi les organismes et surtout les locataires directement concernés. Il est temps que le gouvernement fédéral se fasse réellement rassurant, en annonçant la prolongation à long terme de toutes les subventions ».