Budget Leitao : il faudra plus que 3000 nouveaux logements sociaux pour lutter contre la pauvreté, estime le FRAPRU

Québec, le 4 juin 2014- Même s’il est soulagé que le gouvernement Couillard continue d’investir dans la construction de nouveaux logements sociaux, le Front d’action populaire en réaménagement urbain considère que le budget Leitao échoue lamentablement en matière de redistribution de la richesse. « Les 3000 nouveaux logements sociaux annoncés pour l’an prochain montrent que le gouvernement a l’intention de poursuivre dans la voie empruntée par les gouvernements précédents, mais cette mesure ne suffira pas à lutter contre les problèmes de logement, d’itinérance et de pauvreté », s’offusque François Saillant, coordonnateur du FRAPRU.

L’organisme fait remarquer que les 3000 logements prévus représentent une baisse de 250 par rapport aux 3250 annoncés dans le budget péquiste de février 2014. Il précise surtout que ce nombre est ridiculement bas par rapport aux besoins. Citant le discours même du budget qui souligne à raison que le coût du loyer réduit la capacité des ménages à combler d’autres besoins de base, le FRAPRU rappelle que, selon des chiffres officiels de 2011, 228 000 ménages locataires paient plus de la moitié de leur revenu en loyer. Selon François Saillant, « à coup de 3000 logements par an, ça va prendre 76 ans à répondre aux besoins de ces ménages et, là, on ne parle que des problèmes les plus urgents ». Il déplore par ailleurs que le gouvernement n’ait pas donné des assurances à plus long terme quand au financement du logement social : « Le sort des mal-logés et des sans-abri sera à nouveau soumis aux arbitrages budgétaires qui s’annoncent encore plus durs pour 2015-2016. Nous avons obtenu une année de sursis, mais l’avenir demeure incertain ».

Le FRAPRU constate que sur les 3000 logements, 500 sont réservés à la lutte contre l’itinérance et que le budget maintient les 8 millions $ présentement accordés à des ressources impliquées dans la lutte contre ce problème grandissant. Il se désole toutefois que le budget ne fasse aucune référence à la Politique nationale de lutte à l’itinérance adoptée en février par le gouvernement péquiste, alors que cette dernière, basée sur le respect des droits, avait été saluée par tous les intervenants.

Le FRAPRU condamne l’absence de toute mesure additionnelle de lutte contre la pauvreté. « Les prestations d’aide sociale demeureront au niveau indécent de 610 $ par mois, ce qui représente une violation flagrante du droit à un niveau de vie suffisant ». Il s’inquiète aussi de l’effet que les compressions budgétaires annoncées auront sur la qualité et l’accessibilité des services publics, qui, rappelle-t-il, contribuent à réduire les inégalités sociales.

Selon l’organisme, le gouvernement aurait pu aller beaucoup plus loin en matière de financement de ces services et de lutte contre la pauvreté s’il avait mis fin à des privilèges fiscaux qui ne bénéficient qu’aux plus riches, de même qu’à certains gaspillages du gouvernement, par exemple en matière de médicaments. Il suivra avec attention, mais aussi avec scepticisme, les travaux de la Commission d’examen sur la fiscalité québécoise. « Le gouvernement Couillard veut-il s’attaquer aux injustices actuelles ou veut-il au contraire les aggraver? On en est en droit de se le demander, compte tenu de la volonté affirmée dans le budget d’utiliser la moitié des surplus budgétaires qui seront dégagés après 2015-2016 pour diminuer les impôts », conclut François Saillant.

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