Le FRAPRU déçu par le manque d’ambition du budget Morneau

Montréal, le 22 mars 2017 Le FRAPRU se dit déçu par la faiblesse des montants prévus au budget Morneau pour débuter la mise en œuvre de la nouvelle Stratégie canadienne sur le logement, promise par le gouvernement Trudeau. L’organisme déplore qu’aucune somme ne soit dédiée précisément au développement de nouveaux logements sociaux. Il constate qu’à partir de 2019-2020, seulement 255 millions $ seront accordés annuellement aux provinces pour une panoplie d’initiatives. « Non seulement Ottawa accorde des fonds insuffisants aux provinces, mais ceux-ci pourront être utilisés à diverses fins. Il aurait été plus encourageant pour les ménages mal-logés qu’Ottawa dédie spécifiquement des sommes au logement social », résume Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU. Elle s’inquiète par ailleurs de l’absence d’une annonce claire quant à la poursuite à long-terme des subventions aux logements sociaux existants.

Alors qu’Ottawa veut également se doter d’une stratégie de lutte à la pauvreté, le FRAPRU s’attendait à des investissements ciblés pour l’aide aux ménages à faible revenu. Même si l’organisme salue l’investissement de 11,2 milliards $ en 11 ans, il dénonce qu’en élargissant ses investissements au logement dit abordable, Ottawa met en concurrence le logement social avec le privé. « Pour améliorer le sort des ménages locataires les plus mal pris,  il faudra maintenant s’assurer que ces sommes soient utilisées à des fins de logement social par le Québec », note Véronique Laflamme.

Le FRAPRU aurait préféré qu’au moins 2 milliards $ soient investis à chaque année pour soutenir la réalisation de nouveaux logements sociaux afin d’aider 1,5 million ménages canadiens qui ont actuellement des besoins impérieux de logement, dont 348 485 au Québec. « En dollars constants, le gouvernement fédéral investit moins pour venir en aide aux mal-logéEs aujourd’hui, que dans les années 1990 », s’indigne Véronique Laflamme. Elle précise que si le niveau d’investissement fédéral des années 1985 à 1989 avait été maintenu, près de 70 000 logements sociaux de plus auraient été construits.

Le FRAPRU dénonce l’incertitude dans laquelle le gouvernement fédéral maintient les locataires à faible revenu qui habitent dans l’un des 435 450 logements sociaux réalisés avec des fonds fédéraux avant 1994. Jusqu’à présent, ceux-ci pouvaient compter sur des aides fédérales au loyer de 200 à 300 $ par mois, voire plus. « Ottawa est en train de mettre fin à ces subventions, au fur et à mesure que les hypothèques sont remboursées; en 2015 seulement, 22 600 logements ont ainsi perdu leur subvention fédérale à long terme », explique madame Laflamme. « Même s’il annonce de nouveaux fonds qui pourront être utilisés par les logements sociaux existants, le deuxième budget Morneau n’a toujours pas dit comment, à quelle hauteur, ni pour combien de temps il entend soutenir les locataires se retrouvant sans subvention », ajoute-t-elle. L’organisme dénote par ailleurs l’absence de toute aide aux locataires des logements sociaux gérés par les provinces et les territoires, dont 87 500 logements sous forme d’HLM, de coopératives et d’OSBL d’habitation, au Québec.

Le FRAPRU est satisfait de la poursuite de la Stratégie des partenariats de lutte à l’itinérance (SPLI) au-delà de 2018. Il restera toutefois vigilant sur la répartition des sommes allouées à travers le Canada et sur les orientations qui seront retenues pour l’attribution des subventions à partir de 2020.

Enfin, le FRAPRU déplore que, malgré les vives critiques qu’il a essuyé devant le Comité onusien sur les droits économiques, sociaux et culturels lors de sa comparution de l’hiver dernier, le gouvernement libéral n’ait pas profité du budget pour rencontrer son engagement à œuvrer « au maximum de ses ressources disponibles » à la réalisation de différents droits, dont celui à un logement suffisant. Le FRAPRU conserve de grandes attentes faces aux annonces prévues dans les prochains mois sur la Stratégie canadienne sur le logement; il entend poursuivre la mobilisation.

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Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU : (418) 956-3403 (cellulaire)

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