Logement social à Montréal – Un règlement d’inclusion qui manque de courage !

Montréal, le 12 juin 2019 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) salue le fait que la Ville de Montréal aille de l’avant avec son projet de règlement sur l’offre de logement social, abordable et familial, que la mairesse Valérie Plante et M. Robert Beaudry, responsable de l’habitation et du développement économique et commercial de la Ville, ont dévoilé ce matin. Cela dit, il déplore le manque de courage et d’ambition de la Ville face aux pressions des promoteurs immobiliers.

Selon le FRAPRU, non seulement le délai de mise en application du règlement en 2021, à l’aube des prochaines élections municipales, est bien trop long pour permettre de freiner la spéculation immobilière qui fait rage à Montréal, mais les objectifs visés s’avèrent insuffisants pour répondre aux besoins des ménages mal logés.

Si le FRAPRU est satisfait que la Ville prenne enfin des mesures plus coercitives afin de favoriser le développement de logements sociaux sur son territoire, plusieurs points du règlement s’avèrent problématiques. C’est notamment le cas du délai de mise en application du réglement : « Vu la vitesse avec laquelle les condos et le locatif de luxe se développent, l’impact direct qu’a la spéculation sur la hausse des prix des loyers et le contexte de pénurie de logements que vit Montréal à l’heure actuelle, on a du mal à comprendre le choix de la Ville de ne mettre en application son règlement qu’en 2021. Malheureusement, la situation ne va que s’aggraver si l’administration Plante n’est pas plus proactive ! », dénonce Céline Magontier, responsable des dossiers montréalais au FRAPRU. « À vouloir ménager la chèvre et le chou, la Ville de Montréal passe à côté des besoins des ménages locataires, qui représentent pourtant les deux tiers de ses citoyens et de ses citoyennes », ajoute-t-elle.

Alors que le logement est en rapide transformation à Montréal, au détriment des ménages les plus vulnérables, que 87 000 ménages locataires montréalais consacrent plus de 50% de leur revenu pour se loger, dont 42 000 sont à haut risque d’itinérance puisque c’est 80% qui y passe, les objectifs d’inclusion ne devraient concerner que le logement social et aller bien au delà du 20% promis. « Contrairement au logement social, l’abordabilité est une notion subjective et élastique. L’expérience démontre que la grande majorité du temps, ce que les gouvernements définissent comme abordable, ne l’est absolument pas pour les ménages moins nantis. En plus, les logements abordables promis dans le règlement passeront pour la plupart par l’accès à la propriété. Or, quels sont les ménages qui vont y accéder alors que le revenu annuel médian des ménages locataires montréalais ne s’élève qu’à 38 800 $ ? », interroge Madame Magontier.

Selon le FRAPRU, Montréal ne peut pas non plus faire fi, dans son règlement d’inclusion, de la situation alarmante de certains secteurs comme par exemple Parc-Extension ou encore le Centre-ville qui font partie des quartiers les plus pauvres du Canada, où le logement social et les sites pour développer manquent. À Parc-Extension, le revenu médian des ménages locataires est de moins de 31 000$ et près de 19% d’entre eux engouffrent plus de la moitié de leur revenu pour le loyer. Dans le cas du centre-Ville, dans le quartier Peter McGill, le revenu médian est quant à lui de 25 000$ et ce sont 46% des ménages locataires qui engouffrent la moitié de leur revenu dans le logement. Le FRAPRU déplore que, dans ces secteurs, la Ville ait cédé plus souvent qu’autrement lors des négociations avec les promoteurs privés et laissé des projets extrêmement gentrificateurs tel que Maestria ou le développement sur le campus de l’Université de Montréal voir le jour. « Dans l’actuel règlement, la Ville ne prévoit pas plus de 20% d’inclusion de logements sociaux dans ces secteurs, alors que les sites pour construire sont de plus en plus rares. C’est très inquiétant ! », s’alarme Céline Magontier.  C’est aussi pourquoi les sommes qui seront versées dans le fond d’inclusion, dans le cas où un promoteur refuserait l’inclusion de logements sociaux dans son projet de développement, devraient rester dans l’arrondissement concerné et non être centralisées, tel que le prévoit actuellement le projet de règlement.

Selon le FRAPRU, il est important que Montréal continue de ne pas se contenter de l’inclusion pour développer du logement social sur son territoire, sous peine de se mettre à la remorque des spéculateurs immobiliers. Et pour garder le contrôle. Il est en ce sens primordial que la Ville continue à mettre des sites à l’abri de la spéculation afin d’y développer des logements sociaux. « L’administration Plante doit également faire pression sur la CAQ afin d’obtenir plus que les miettes consenties dans son dernier budget, le pire en 20 ans », conclut Céline Magontier.

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Informations et demandes d’entrevues :

Céline Magontier, responsable des dossiers montréalais au FRAPRU :

(514) 850-1431

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