Le nombre de ménages recevant de l’allocation-logement chute continuellement depuis l’an 2000

Pancarte Payer le loyer ou manger (Y. Mondion)

Montréal, le 9 février 2016– Le nombre de ménages recevant de l’allocation-logement a chuté continuellement au Québec depuis l’an 2000 et la baisse s’est poursuivie, quoiqu’à un rythme moindre, depuis que le gouvernement québécois a commencé à abaisser graduellement de 55 à 50 ans l’âge d’accès à cette aide financière. C’est à ce constat qu’en arrive le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), en examinant les statistiques compilées au fil des années par la Société d’habitation du Québec (SHQ). 

Rappelons que l’allocation-logement est une aide financière accordée directement aux locataires, aux chambreurs et chambreuses, ainsi qu’aux propriétaires occupants à très faible revenu. L’aide maximum est de 80 $ par mois, mais, dans les faits, elle n’est en moyenne que d’environ 58 $. Depuis le 1er octobre 2015, l’âge d’accès au programme est de 50 ans.

D’après les données compilées par le FRAPRU, le nombre de ménages ayant touché annuellement de l’allocation-logement est passé de 155 721 en 2000-2001 à 102 015 en 2013-2014, soit une diminution de 34,5 %. La baisse est particulièrement manifeste chez les familles avec enfants, leur nombre passant de 66 227 à 35 300, une chute de 46,7 %. Chez les personnes seules et les couples aînés, la diminution a été de 25,5 %, le nombre de bénéficiaires étant passé de 89 494 à 66 715.

Le FRAPRU constate que la diminution, depuis 2011, de l’âge d’accès à l’allocation-logement, a ralenti la chute du nombre de ménages aidés, sans totalement y mettre fin. François Saillant, coordonnateur de l’organisme, se questionne : « Comment peut-on expliquer que le nombre de ménages recevant de l’allocation-logement ait diminué de près de 3000 au cours des trois dernières années, alors que la baisse de l’âge d’accès en a rendu un plus grand nombre admissible? ».

Un programme méconnu

François Saillant blâme principalement l’absence totale de publicité autour du programme pour ses piètres résultats : «  Le programme d’allocation-logement est l’équivalent au Québec de ce qu’était le supplément de revenu garanti à Ottawa. Des dizaines de milliers de personnes et de familles auraient droit à de l’aide financière, mais elles n’en demandent pas, parce qu’elles ne connaissent tout simplement pas le programme. Le gouvernement réalise ainsi des économies en douce sur le dos des personnes les plus vulnérables ». Il considère aussi que plusieurs paramètres de l’allocation-logement sont obsolètes puisqu’ils n’ont pas été modifiés depuis la création du programme. « Le revenu annuel maximum permettant aux personnes seules de toucher de l’allocation-logement est de 16 480 $ en 2016. C’est exactement le même montant qu’en 1997, comme si le coût de la vie et surtout celui du logement n’avait pas augmenté depuis ce moment ».

Le FRAPRU plaide pour un grand ménage à l’allocation-logement, entre autres pour faire en sorte qu’elle soit accordée automatiquement à tous les personnes et à toutes les familles qui en ont besoin, peu importe leur âge. Selon François Saillant : « L’allocation-logement ne remplacera jamais le logement social qui est une forme d’aide beaucoup plus complète, mais elle pourrait dépanner beaucoup plus efficacement les ménages en difficulté, en attendant qu’ils puissent y avoir accès ».

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