Logements sociaux en péril : Ottawa n’a pas fait la moitié du travail

Photo : Céline Magontier

D’ici peu, la plupart des logements sociaux construits avant 1994 avec des fonds fédéraux — dont les 74 200 HLM du Québec — ne bénéficieront plus d’aides fédérales; on dit qu’ils arrivent en « fin de convention »[1].  Aussitôt élue, l’équipe de Justin Trudeau a promis qu’elle allait faire le nécessaire pour les préserver.  Ces logements étant âgés et souvent en mauvais état, Ottawa a prévu des sommes pour les rénover; il a aussi dit vouloir assurer leur « abordabilité » à long terme. 

Mais les budgets fédéraux qui ont suivi la Stratégie canadienne sur le logement de 2017 n’ont pas fourni le nécessaire : les budgets de rénovation s’avèrent insuffisants; les subventions visant à réduire les loyers n’ont été prolongées que de dix ans, au bout desquels le gouvernement prévoit toujours se retirer, ce qui occasionnera des augmentations de loyer substantielles pour les ménages à faible revenu concernés.

À partir de 2005, Québec a obtenu quelques contributions fédérales spéciales pour amorcer la rénovation, l’amélioration et la modernisation de ses HLM; des sommes supplémentaires ont été attribuées depuis deux ans.  Mais selon la Fédération des locataires de HLM du Québec, il faudrait 420 millions $ de plus par année, de la part du gouvernement canadien, pour compléter l’opération; 21 % des HLM du Québec sont qualifiés de « très vétustes ».

Des coopératives et des organismes sans but lucratif d’habitation, initialement réalisés avec des fonds fédéraux, demandent également à Ottawa des investissements supplémentaires pour remettre en état leurs logements et surtout, lui demande de rester le principal responsable de l’aide aux locataires les plus pauvres.  Cependant, certains projets coopératifs et sans but lucratif évoquent déjà la fin de leur convention et la fin de ces subventions au loyer pour ne plus louer leurs logements à des ménages à faible revenu.  Le plan de match de la SCL se traduit donc par une diminution réelle de l’offre de logements à loyer modique pour les ménages à faible revenu. 


[1] La « fin de convention » signifie qu’un organisme propriétaire de logements sociaux a remboursé intégralement sa première hypothèque, n’a plus d’obligation face à la Société canadienne d’hypothèques et de logement… et ne reçoit plus d’aide de sa part, ni pour rénover ses logements, ni pour réduire le prix du loyer des ménages à faible revenu qui y habitent.