« En Mauricie, les logements ne sont pas très chers, mais ne valent pas très cher non plus »

L’état des logements en Mauricie, voire leur insalubrité et leur dangerosité, a été au cœur des 19 témoignages entendus, lors de l’audience de Shawinigan, le 22 octobre. «  Ne pourrait-il pas y avoir un mécanisme municipal simple pour encadrer la salubrité des logements  ?  », a demandé le Centre des femmes de Shawinigan. Selon le Comité logement Trois-Rivières, plusieurs causes pour insalubrité sont déposées à la Régie du logement, mais les gens finissent pas quitter leur logement devant la lenteur des démarches, car c’est leur santé qui est en jeu.

Même si le coût du logement est moins élevé en Mauricie qu’ailleurs au Québec, les problèmes de non-paiement sont nombreux. Entre 2006 et 2011, le nombre de demandes d’éviction à cet effet a augmenté de 48,3 % au bureau de la Régie du logement à Shawinigan et de 39,4 % à Trois-Rivières. Les nombreuses pertes d’emploi et l’insuffisance du revenu disponible sont en cause, selon le témoignage du Comité logement Trois-Rivières. Le taux de chômage est de 9,2 % en Mauricie et celui de prestataires d’aide sociale, de 10 %.

Une réalité particulière à Shawinigan est l’achat, depuis quelques années, de plusieurs des appartements par des sociétés en commandite de Montréal. En 2007, un logement, où une locataire vivait depuis 26 ans, a été acheté par une de ces compagnies. La locataire rencontre depuis de grandes difficultés à obtenir des réponses à ses demandes d’entretien et de réparations.

Pendant ce temps, la Régie du logement est de moins en moins présente à Shawinigan. Ses périodes d’ouverture ont d’abord baissé de 5 à 3 jours par semaine et sont maintenant rendues à une seule journée par semaine. Le Centre de femmes de Shawinigan s’en est offusqué et a dénoncé que «  les individus soient pognés pour faire exécuter le jugement de la Régie  », alors qu’ils vivent déjà des difficultés.

De la discrimination

Un citoyen a aussi dénoncé la discrimination dont il a été victime parce qu’il était prestataire d’aide sociale. Il a demandé que le gouvernement fasse respecter les droits. Une mère monoparentale a, pour sa part, expliqué s’être fait refuser deux fois un logement au 2e étage parce qu’elle a un enfant et que les propriétaires craignaient qu’il dérange les autres locataires. Un centre d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale a expliqué que les propriétaires hésitent à leur louer pour ne pas avoir de problèmes dans leur bloc.

Une représentante du Bureau d’aide et d’infor­mation sur le logement adapté de la Mauricie a rappelé la double discrimination vécue par les personnes handicapées. Elle a aussi parlé des difficultés à obtenir un logement accessible et adapté  : «  Soit on est chanceux, soit on se retrouve en résidence d’accueil ou en CHSLD ((Centre d’hébergement et de soins de longue durée.))  ». Selon elle, la façon la plus simple d’avoir un logement adapté est en logement social.