Montréal, le 2 juillet 2017 – Au lendemain de la grande journée de déménagements, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) réclament des mesures concrètes pour améliorer les conditions de vie des ménages locataires. Alors que les ministres responsables de l’habitation à Ottawa et à Québec disent vouloir faire mieux, les deux regroupements les pressent d’investir sérieusement dans le développement de nouveaux logements sociaux et demandent à Québec de se doter d’un véritable contrôle des loyers.
Plusieurs ménages locataires toujours dans une situation précaire
Malgré la disponibilité de logements à louer, plus d’une centaine de locataires à travers la province ont encore appelé à l’aide, généralement auprès de l’office d’habitation de leur municipalité, parce qu’ils craignaient de se retrouver à la rue. Une dizaine de ménages est toujours sans-logis à Sherbrooke. « Le principal problème rencontré est la cherté des logements », affirme Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. « Les locataires qui cherchent un logement ne vont pas nécessairement en trouver un au prix moyen du marché, estimé à 726 $ par mois par la Société canadienne d’hypothèques et de logement; les appartements libres et mis en location sont généralement beaucoup plus chers que cela, notamment dans les villes de Québec, Montréal et Gatineau », explique-t-elle. La situation alarme également le porte-parole du RCLALQ, Maxime Roy-Allard : « pour payer leurs loyers, des milliers de locataires doivent couper dans leurs autres dépenses de base comme la nourriture, le transport ou les médicaments, c’est particulièrement vrai pour les ménages assistés sociaux et les gens qui travaillent au salaire minimum ».
Les regroupements déplorent, qu’en l’absence d’un réel contrôle des loyers, le droit au logement des ménages locataires soit lourdement malmené. En 10 ans, de 2007 à 2016, le loyer moyen a augmenté de 135 $ par mois, soit une augmentation de 22 %. Durant la même période, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 14 %, soulignent-ils. « Moins de 0,5 % des loyers sont fixés par la Régie du logement, les autres sont négociés entre propriétaires et locataires, souvent bien au-delà des indices suggérés et sans que la hausse soit même justifiée ; ce n’est pas ce qu’on appelle un contrôle des loyers », indique Maxime Roy-Allard. Les regroupements considèrent que la fixation d’un loyer ne devrait plus reposer sur la contestation des locataires.
Les deux regroupements rappellent également que plus de 270 000 ménages locataires ont des besoins impérieux de logement au Québec, parce qu’ils vivent dans des logements trop chers, trop petits ou insalubres. « Bien qu’imposant, ce chiffre exclut pourtant les personnes itinérantes et les ménages qui consacrent plus de 100 % de leur revenu pour se loger », souligne Véronique Laflamme. Selon les calculs effectués à partir des données de Statistiques Canada, ce sont en fait 81 280 ménages locataires de plus qui sont dans cette situation, dont plus du tiers vit à Montréal, indique le FRAPRU.
Dans les circonstances, les regroupements déplorent le manque de logements sociaux, notamment pour les familles, qui ne trouvent toujours pas de logements suffisamment grands, dans plusieurs arrondissements de Montréal et secteurs de Laval et de la Rive-Nord de Montréal, de même qu’en Abitibi. Pour le FRAPRU, la Stratégie canadienne sur le logement, que devrait déposer le gouvernement de Justin Trudeau à l’automne, est une occasion à ne pas rater. Elle doit permettre la reconnaissance formelle du droit au logement, assurer le financement d’un plus grand nombre de nouveaux logements sociaux et garantir la poursuite à long terme des subventions fédérales présentement accordées à 365 000 ménages locataires à faible revenu demeurant dans des logements sociaux construits avant 1994, dont 113 650 au Québec.
Le ministre Coiteux interpellé
Un an après que le gouvernement Couillard ait annoncé qu’il ne souscrirait pas à la Stratégie canadienne sur le logement, le FRAPRU interpelle le ministre Martin Coiteux, responsable de l’habitation. « Québec va-t-il développer sa propre stratégie sur le logement ? Il doit faire connaître ses intentions », s’impatiente Véronique Laflamme. Le FRAPRU demande à Québec de s’engager à utiliser les fonds fédéraux issus de la stratégie fédérale pour augmenter substantiellement le nombre de nouveaux logements sociaux qu’il finance chaque année.
Le ministre Coiteux a déclaré être également pressé de mettre en œuvre ses promesses de réforme de la Régie du logement. « Il doit enfin empêcher les abus et mieux protéger les droits des locataires », plaide Maxime Roy-Allard. « Pour éviter les hausses abusives de loyer, le ministre responsable de l’habitation doit instaurer un véritable contrôle des loyers et rendre obligatoires les indices publiés par la Régie du logement ».
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