Châteauguay, le 5 octobre 2015 – Le bureau de circonscription du ministre responsable de l’habitation, Pierre Moreau, a été temporairement transformé en logement social, ce matin, par des militantes du Front d’action populaire en réaménagement urbain. Celles-ci l’ont, pour ce faire, recouvert d’une bannière géante reproduisant l’image d’une coopérative d’habitation.
Le FRAPRU voulait démontrer la nécessité que le gouvernement québécois investisse davantage en logement social qu’il ne l’a fait dans son dernier budget, de manière à faire face aux importants problèmes de logement et de pauvreté vécus par les femmes. Plusieurs dizaines de personnes ont participé à cette action, organisée à l’occasion de la Journée mondiale de l’Habitat et dans le cadre de la Marche mondiale des femmes. Le FRAPRU a organisé d’autres actions, aujourd’hui, dans le sud-ouest de Montréal, ainsi qu’à Québec, Sherbrooke et Trois-Rivières.
Des problèmes majeurs
Le FRAPRU a rappelé certaines statistiques provenant de l’Enquête nationale auprès des ménages menée en 2011 par Statistique Canada. Ainsi, dans la région métropolitaine de Montréal, les ménages ayant une femme comme principal soutien financier sont locataires dans une proportion de 52 % contre 40 % lorsqu’il s’agit d’un homme. Les femmes locataires courent plus de risques de rencontrer des problèmes de logement, 43 % d’entre elles consacrant plus que la norme de 30 % de leur revenu en loyer et 20 % plus de la moitié. Selon le FRAPRU, les femmes locataires vivent aussi divers problèmes dans leur accès à un logement abordable et sécuritaire : discrimination dans la recherche de logement, surtout dans le cas des femmes monoparentales, harcèlement et agression sexuelle de la part de concierges, propriétaires ou voisins, infantilisation et demande de caution, etc.
Le logement social : une solution pour les femmes
Le FRAPRU estime que le logement social, sous toutes ses formes, a fait ses preuves comme solution privilégiée pour faire face aux problèmes d’habitation et de pauvreté vécus par les femmes. Ainsi, elles représentent les deux-tiers des locataires de logements communautaires et 72 % des ménages résidant en HLM. Pour cette raison, l’organisme estime qu’elles seront davantage pénalisées par la décision du gouvernement Couillard de réduire de moitié le nombre de logements sociaux financés dans le cadre du programme AccèsLogis pour le faire tomber à 1500 par année pour tout le Québec.
« Ce n’est pas avec 1500 logements sociaux à l’échelle du Québec qu’on va être en mesure de faire face à toute l’ampleur et à toute l’urgence des problèmes de logement vécus par les femmes », affirme Émilie E. Joly, organisatrice au FRAPRU. Elle ajoute : « Que le ministre Moreau ne vienne pas nous dire qu’il a tout simplement remplacé des logements sociaux par la location de logements privés vacants à l’aide de suppléments au loyer et que ça ne changera rien pour les locataires. Le supplément au loyer ne permet pas de construire de nouveaux logements, alors qu’il en manque encore pour les familles avec enfants. Il n’améliore pas la qualité déficiente de nombreux logements, puisqu’il consiste à louer des logements dans l’état dans lesquels ils sont présentement. Il ne donne pas davantage de contrôle aux locataires sur leurs conditions de logement. Il n’aidera pas plus de femmes, il va tout simplement les aider moins bien ».
Pour sa part, le FRAPRU réclame le financement de 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans, soit 30 000 en coopératives et en logements sans but lucratif et 20 000 en HLM.
La Marche mondiale des femmes se terminera par une grande manifestation à Trois-Rivières, le 17 octobre prochain. Le FRAPRU y sera largement représenté, des femmes, mais aussi des hommes solidaires, se mobilisant largement dans les diverses régions du Québec.
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