Québec, le 10 septembre 2025 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) réagit au remaniement ministériel du gouvernement Legault qui change la titulaire de l’Habitation. L’organisme espère que l’arrivée de Sonia Bélanger comme ministre responsable amorcera un nécessaire changement de cap. Il interpelle le premier ministre afin que son gouvernement fasse enfin du droit au logement une priorité.
Pour le FRAPRU, l’importante promotion accordée à France-Élaine Duranceau confirme que les politiques en habitation mises de l’avant sous son mandat sont conformes à la vision du gouvernement caquiste et de son chef. « Peu importe la personne en poste, si le gouvernement ne change pas de cap, les mêmes politiques continueront d’aggraver la crise d’abordabilité », met en garde sa porte-parole, Véronique Laflamme.
Un bilan marqué par l’inaction et le refus de mesures structurantes
Le FRAPRU constate que la situation du logement locatif au Québec se dégrade depuis l’arrivée de la CAQ en 2018. Les loyers ont bondi de près de 50 %. L’itinérance progresse, et le nombre de locataires sans logis durant la période des déménagements ne diminue pas, malgré la hausse des mises en chantier.
« Privatisation de l’aide au logement, refus de mieux encadrer le marché privé, mise au rancart du seul programme dédié au logement social: après avoir tardé à reconnaître la crise du logement, la CAQ s’en est servie comme prétexte pour mettre en place des politiques néolibérales», rappelle la porte-parole.
Une ministre en décalage
Le FRAPRU ne partage pas l’appréciation du premier ministre au sujet du travail accompli par la ministre France-Élaine Duranceau. Même s’il avait salué la nomination d’une ministre dédiée à l’Habitation en 2022, il a rapidement constaté une forte politisation des dossiers. Depuis son entrée en poste, France-Élaine Duranceau s’est montrée peu intéressée à comprendre la réalité des locataires et des personnes mal-logées. Pire, elle a refusé la majorité des mesures proposées qui aurait pu, sinon améliorer leur sort, du moins ralentir la détérioration de leur situation. Les politiques qu’elle a mises en place alimentent carrément la hausse de loyer systématique (cession de bail, nouvelle méthode de calcul des hausses de loyers) .
En matière de logement social, les décisions de l’ex-ministre ont complexifié le développement. Le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), vitrine du gouvernement, n’a livré que quelques centaines de logements. Tout en appelant à plus d’agilité, la ministre a accordé des assouplissements à certains acteurs triés sur le volet hors programme, tout en les refusant à d’autres. Ce deux poids, deux mesures et l’absence d’un programme adéquat a nuit au développement de logements sociaux et communautaires. « On a même travesti l’idée de logement social en finançant des logements jusqu’à 150 % du loyer médian, avec les mêmes fonds insuffisants destinés auparavant à du logement social », dénonce la porte-parole. Elle poursuit: « Même si plusieurs logements sociaux et qualifiés d’abordables sont actuellement en réalisation, si on fait le bilan depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ, le rythme de construction est insuffisant. Le refus du premier ministre et du ministre des Finances d’y consacrer des investissements suffisants prive le Québec de la prévisibilité nécessaire pour accélérer et maintenir ce développement. En poursuivant dans cette voie, le gouvernement s’entête dans une politique de l’offre qui échoue à répondre à la crise d’abordabilité».
Des attentes à la hauteur des besoins
Le FRAPRU espère que la nouvelle ministre aura les coudées franches pour améliorer rapidement et réellement la situation des locataires. Pour ce faire, changer de cap est nécessaire. C’est pourquoi l’organisme l’appelle à poser des gestes forts, notamment en matière de logement social.
À très court terme, le FRAPRU demande la modification rétroactive du PHAQ, afin que la contribution du gouvernement du Québec soit suffisante, qu’il ne permette pas d’inclure des logements plus chers que le marché et de ne pas financer le secteur privé;
La mise sur pied de programmes gouvernementaux complets, pérennes et dédiés au logement social (incluant minimalement un programme HLM) est également essentielle pour s’assurer de répondre réellement aux besoins des communautés.
Il s’attend à rencontrer rapidement madame Bélanger pour lui présenter ses propositions.
Quoiqu’il en soit, le regroupement s’assurera d’être entendu par le gouvernement de François Legault, lors d’une manifestation à l’Îles-des-Soeurs le 4 octobre.
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Pour information et demandes d’entrevues :
Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU : 418 956-3403 (cell.)