Montréal, le 4 octobre 2025 – Alors que débute une nouvelle session parlementaire et que le premier ministre du Québec a complètement évacué la crise de l’inabordabilité du logement de ses préoccupations, le FRAPRU manifeste cet après-midi à L’Île-des-Sœurs. 700 personnes en provenance de différentes villes (dont Montréal, Québec, Longueuil, Gatineau, Saint-Hyacinthe, Sorel, CHâteauguay, Joliette) se sont rassemblées pour dénoncer des choix politiques qui abandonnent de trop nombreux ménages locataires dans la précarité. Les manifestant·es ont réclamé un changement de cap : faire du logement social une priorité gouvernementale.
L’Île-des-Sœurs : un symbole de la déconnexion gouvernementale
Pour le FRAPRU, L’Île-des-Sœurs illustre à la fois les effets de la déconnexion des élites face à la réalité des locataires et de la financiarisation du logement. D’un côté, des tours de logements de luxe occupées par quelques élus ; de l’autre, des immeubles locatifs concentrés entre les mains d’un quasi-monopole immobilier et pas un seul logement social.
Comme partout au Québec, les milieux de vie sont de plus en plus réduits à des actifs spéculatifs. Les loyers flambent. Les conditions se dégradent. Sans alternative, les locataires en paient le prix. Pendant ce temps, les ministres du gouvernement Legault possédaient en moyenne 1,6 M$ en immobilier, en 2023, par élu. Le premier ministre lui-même dispose d’un penthouse haut de gamme à l’Île-des-Soeurs. À quelques mètres, des familles, des jeunes, des personnes âgées, des personnes immigrantes paient trop cher pour se loger, au détriment de leurs autres besoins essentiels. Cette réalité contraste fortement avec la rhétorique du gouvernement Legault, qui préfère détourner l’attention en désignant de faux coupables, notamment l’immigration, plutôt que d’assumer ses responsabilités. « Le gouvernement doit cesser de se décharger de ses responsabilités sur d’autres. La crise de l’abordabilité du logement est le résultat de choix politiques. Il est temps qu’il le reconnaisse et assure le droit au logement pour toutes et tous », martèle Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. La manifestation se tient d’ailleurs à l’avant-veille de la Journée mondiale de l’Habitat, instaurée par l’ONU pour rappeler le droit fondamental de toutes et tous à un logement adéquat. Le FRAPRU dénonce qu’au Québec la réalisation de ce droit recule plutôt que d’avancer, conséquence directe de décisions politiques et fiscales.
Des choix gouvernementaux qui laissent la situation s’aggraver
Selon le regroupement, le gouvernement caquiste réduit la crise du logement à une question d’offre, en faisant abstraction de l’accessibilité et du type de logements construits. Or, plusieurs données démontrent que les constructions récentes dans le privé sont hors de prix. Les mises en chantier record vont de pair avec l’érosion continue du parc locatif à bas prix. « Miser uniquement sur l’offre, c’est nier le problème central : la cherté des loyers. Plus le gouvernement confie la réponse au marché privé, plus les loyers explosent et plus les locataires s’appauvrissent », s’inquiète la porte-parole.
Même si plusieurs logements sociaux et qualifiés d’abordables sont actuellement en réalisation, l’organisme craint les effets des compressions budgétaires en cours sur le type de logements qui seront construits. « Sous prétexte d’en “faire plus avec moins”, on relègue au dernier plan les besoins les plus urgents », dénonce la porte-parole. Les modifications récentes apportées au Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) en sont un exemple : permettre des logements dits « abordables » avec des loyers pouvant atteindre 150 % du loyer médian témoigne d’une approche déconnectée des besoins réels, inefficace pour lutter à court terme contre l’inabordabilité. « Le programme est dénaturé et les projets sont forcés de rogner sur l’abordabilité pour voir le jour. Ce sont de fausses économies qui ignorent les coûts sociaux, humains et économiques de la crise. Il est absurde que le seul programme public permettant de développer des projets de logements sociaux finance des logements inaccessibles aux revenus des ménages. Pendant ce temps, des milliers de locataires paient déjà trop cher pour se loger et aucun véritable programme de logement social ne vient raccourcir les longues listes d’attente. », poursuit Véronique Laflamme, déplorant également l’absence de prévisibilité dans le financement, qui compromet la planification et fait peser de lourdes incertitudes sur les projets en développement.
Le logement social : un investissement, pas une dépense
Pour le FRAPRU, la solution passe par un réinvestissement massif dans le logement social et réellement accessible aux ménages à faible et modeste revenus afin d’en doubler le nombre d’ici 2040. Augmentation de l’itinérance et du mal-logement, pressions sur le système de santé, fragilisation des familles, etc. : la crise de l’abordabilité coûte plus cher à la société que les investissements nécessaires pour la résoudre. « Aucune autre formule que le logement social et communautaire ne permet de répondre à la fois à l’inabordabilité des loyers et aux besoins réels tant des locataires que des communautés. Ce n’est pas une dépense, mais bien un investissement collectif », insiste Véronique Laflamme.
Concrètement, le FRAPRU demande au gouvernement québécois :
- Des objectifs chiffrés et pluriannuels de développement : au moins 10 000 nouveaux logements sociaux par année ;
- Des modifications rétroactives immédiates au PHAQ, pour garantir que les fonds publics servent exclusivement à des logements réellement sociaux et abordables ;
- La mise en place d’un véritable programme de logement social capable de répondre à la crise de l’inabordabilité ;
- De nouveaux investissements substantiels et récurrents, dès la mise à jour économique de l’automne.
Des portes fragiles, un message solide
Pour dénoncer la situation et illustrer leurs demandes, les manifestant·es ont déposé des panneaux géants en forme de portes. Ceux-ci rappelaient à la fois les freins à l’accès à un logement décent — cherté, rénovictions, discrimination, etc. — et la véritable solution : le logement social. Au terme du parcours, des portes assemblées en château de cartes ont illustré la précarité résidentielle vécue par les locataires.
La manifestation s’est conclue par un message vocal collectif adressé au premier ministre François Legault. Un rappel clair : l’urgence d’agir pour garantir le droit au logement et combler la déconnexion des décideurs politiques avec la réalité des locataires. « Nous avons besoin d’un véritable plan de sortie de crise, qui place les gens avant les profits. Si les élu·es vivaient dans les mêmes conditions que la majorité des ménages locataires, la crise serait réglée depuis longtemps », conclut Véronique Laflamme.
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Informations et demandes d’entrevues:
Véronique Laflamme, 418 956-3403 (cell.)
