Logement social: les partis politiques municipaux montréalais doivent cesser de faire preuve de défaitisme

Montréal, le 22 octobre 2025 – À mi-campagne, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s’inquiète de l’absence d’engagements chiffrés pour le développement de logements sociaux dans les engagements électoraux des principaux partis. Le regroupement constate des différences importantes en comparant les plateformes des deux principaux partis de la dernière campagne avec leur engagements actuels.  Pourtant, la situation du logement locatif s’est depuis détériorée et le nouveau Plan d’urbanisme et de mobilité (PUM) vise à augmenter considérablement le nombre de logements sociaux d’ici 2050.

Crédit photo: Frantz Corvil

Malgré les mesures promises en faveur du logement « hors marché » par trois des quatre principaux partis, le regroupement déplore qu’aucun parti n’offre de garantie sur le nombre de logements véritablement abordables pour les locataires à faibles et modestes revenus. La ville dispose de leviers lui permettant de se doter d’un objectif. « Les engagements pris jusqu’ici sont insuffisant pour s’attaquer au problème d’inabordabilité du logement à Montréal », selon Catherine Lussier, coordonnatrice du FRAPRU. Cette dernière rappelle que le revenu médian annuel du quart des ménages locataires montréalais qui payaient déjà plus de 30% de leur revenu pour se loger lors du dernier recensement, avant les récentes hausses de loyers, est de 24 000$. « 56 000 familles et personnes locataires consacrent plus de 50% de leur revenu pour se loger. Quand tu alloue la moitié de ton revenu au loyer, tu es à risque de te retrouver en situation de précarité résidentielle, voire d’itinérance. Ces locataires sont les plus touchés par la crise de l’inabordabilité et pourtant ce sont ceux et celles que les promesses trop floues risquent de laisser en plan ».

Pour le FRAPRU, le virage des partis en lice vers le logement qualifié de « hors marché » est préoccupant puisqu’il n’offre aucune garantie sur l’abordabilité immédiate des logements construits, ni la possibilité pour les locataires ou les communautés de participer à une gouvernance démocratique et qu’il inclut certaines formes de propriétés privées. Cela est d’autant plus inquiétant que des programmes québécois permettent maintenant le financement de logements beaucoup plus cher que le marché. Le regroupement prévient que, même si ces logements sont sans but lucratif, sans engagements pour qu’ils soient sociaux, communautaires et accessibles pour les locataires à faible et modeste revenus, les loyers risquent d’être trop élevés pour plusieurs au moment de leur livraison. « En pleine crise de l’abordabilité, nous ne pouvons pas attendre 10 ans pour que ces logements soient finalement accessibles aux locataires qui en ont besoin maintenant », s’insurge madame Lussier. « Les partis montréalais doivent prendre position clairement et dire qu’ils feront tout pour construire du logement social véritablement abordable pour répondre aux besoins urgents et freiner la hausse frénétique des loyers », insiste-t-elle.

Le FRAPRU s’interroge également sur les logements «abordables» promis par Ensemble Montréal et Action Montréal. Selon le regroupement, ils doivent clarifier si ces derniers seront bien sans but lucratif. Sans quoi, leur abordabilité risque de n’être ni immédiate, ni pérenne, met-il en garde. Pour le regroupement de défense du droit au logement, les précieuses ressources publiques municipales destinées ne doivent pas servir à financer des logements privés, qui ne permettent pas de grossir un patrimoine collectif, ni l’accès à la propriété.

Malgré le manque de prévisibilité du financement en provenance du gouvernement québécois, le FRAPRU considère inacceptable que les partis en lices aient baissé les bras sur des objectifs de logements sociaux et communautaires à développer sur leur territoire. Le regroupement estime que ces objectifs devraient témoigner des besoins urgents à faire reconnaître par les gouvernements fédéral et provincial. « Tant qu’à utiliser les rares ressources publiques de la ville, durement gagnées pour du logement social, mieux vaut viser moins de logement hors-marché, mais s’assurer qu’ils soient réellement sociaux et répondent aux besoins les plus urgents. Sinon ces besoins continueront d’augmenter », commente Véronique Laflamme, responsable des dossiers politiques et porte-parole du FRAPRU. Le FRAPRU rappelle que, par le passé, lorsque les gouvernements n’étaient pas au rendez-vous, Montréal a créé ses propres programmes de logement social et qu’elle dispose encore de leviers pour y investir, notamment la SHDM et l’OMHM. Alors que la forme des investissements de Maisons Canada reste inconnue, et que les programmes québécois sont de plus en plus larges, s’engager fermement pour le logement social et communautaire enverrait un message clair : la prochaine mairesse ou le prochain maire entend utiliser les ressources des gouvernements supérieurs destinés au logement abordable à cette fin, soutient le FRAPRU.

Le FRAPRU s’inquiète aussi de l’avenir du Règlement pour une métropole mixte. Selon lui, un règlement rendant obligatoire l’inclusion de logements sociaux est essentiel pour freiner la gentrification et influencer le développement de grands sites privés. Le regroupement critique la volonté d’Ensemble Montréal et d’Action Montréal d’abolir le Règlement pour une métropole mixte (20/20/20) pour le remplacer par des incitatifs financiers. Or, rappelle le FRAPRU, avant son adoption, l’inclusion reposait déjà sur une approche volontaire, laissée au bon vouloir des promoteurs privés — avec des résultats décevants. Le FRAPRU déplore aussi que Projet Montréal souhaite assouplir le règlement en faisant passer l‘exigence de 20% de logements sociaux à 20% de logements «hors-marché».

Enfin, le FRAPRU s’inquiète du manque de précision concernant le Fonds pour l’abordabilité promis par Ensemble Montréal qui serait «financé par la valorisation du foncier municipal». Le FRAPRU juge qu’il serait inadmissible de vendre des terrains et bâtiments qui appartiennent déjà à la ville. Selon l’organisme le foncier est un puissant levier pour favoriser le développement de logements sociaux et communautaires et il ne faudrait surtout pas les remettre sur le marché locatif.

Le FRAPRU presse les partis de bonifier leurs engagements avant la fin de la campagne.

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Informations et demandes d’entrevues :

Catherine Lussier, FRAPRU : 514 232-2309 (cell)

Véronique Laflamme, FRAPRU : 418 956-3403 (cell.)