À Saguenay, des drames humains

Les témoignages, souvent émouvants, entendus par la centaine de personnes présentes à l’audience de la Commission populaire, à Saguenay, le 25 octobre, ont démontré que les problèmes de logement représentent aussi des drames humains pour les personnes qui les vivent. Des mots comme «  stress  », «  peur  » ou «  problèmes de santé  » sont constamment revenus quand les locataires racontaient leur situation  : coût du logement qui les oblige à couper dans la nourriture ou les médicaments  ; demandes de hausses de loyer de 30 $, 50 $, 100 $ par mois  ; discrimination  ; harcèlement  ; intimidation de la part de propriétaires  ; insalubrité des logements (moisissures, rongeurs, coquerelles, chauffage déficient, etc.).

Une dame âgée, vivant seule, a témoigné, à huis-clos, de toutes les malversations qu’elle a subies de la part de son ancien propriétaire, dont elle a encore peur même si elle a depuis déménagé dans un autre logement de moins bonne qualité qui la rend littéralement malade… Une personne handicapée a relaté qu’il lui arrivait fréquemment de tomber dans l’escalier de son logement à deux étages. Un père a expliqué qu’il ne pouvait se payer un appartement suffisamment grand pour recevoir ses enfants  : «  Tu en viens à perdre l’estime de toi et peut-être même aussi l’estime de tes enfants  ».

Des organismes ont également témoigné des réalités auxquelles les personnes qui s’adressent à eux sont confrontées. Une intervenante du Service budgétaire et communautaire de Jonquière a affirmé que s’il était extrêmement difficile d’arriver à se loger pour des personnes assistées sociales ayant des contraintes sévères ou temporaires à l’emploi, «  c’est carrément impossible dans le cas des personnes sans contraintes  ». Celles-ci n’ont d’autres choix que de se retrouver en chambres, en cohabitation forcée ou en situation d’itinérance. Le Centre L’Escale de Jonquière a évoqué les difficultés vécues par les personnes ayant des problèmes de santé mentale. Elles se retrouvent systématiquement dans les pires logements où «  les propriétaires ne posent pas trop de questions sur leur état  ».

Le Syndicat des intervenantes et des intervenants de la santé du Nord-est québécois (SIISNEQ), affilié à la Centrale des syndicats du Québec, a démontré les conséquences que les violations du droit au logement ont sur la santé. Un des commissaires, Marcel Duhaime, a résumé ses propos en ces termes  : «  Si je vous comprends bien, vous êtes en train de nous dire qu’un dollar en logement en vaut plusieurs en santé  ».

Enfin, plusieurs locataires demeurant en HLM ou coopératives d’habitation ont emboîté le pas à Sonia Côté, coordonnatrice de Loge m’entraide, pour évoquer les conséquences néfastes que pourrait avoir la fin imminente des subventions à long terme que le gouvernement fédéral verse encore à 127 000 logements sociaux, dont près de 6 000 au Saguenay-Lac Saint-Jean.