À Sherbrooke, 4 locataires sur 10 sont en difficulté financière

Sherbrooke, le 29 octobre 2014 – Quatre ménages locataires sur dix consacrent maintenant une proportion trop importante de leur revenu pour se loger à Sherbrooke. C’est à cette conclusion qu’en arrivent le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et l’Association des locataires de Sherbrooke, à la lumière de données provenant de l’Enquête nationale auprès des ménages menée en 2011 par Statistique Canada. L’enquête a servi de base au Dossier noir sur le logement et la pauvreté que les deux organismes ont présenté aujourd’hui à Sherbrooke.

Le Dossier noir révèle que 40 % des ménages locataires de Sherbrooke paient plus de 30 % de leur revenu en loyer. Pas moins de 13 800 ménages se retrouvent dans cette situation délicate, soit 10 % de plus qu’en 2006. Parmi ces ménages, 6100 en versent plus de 50 %. Pire encore, 2500 en engloutissent plus de 80 %. Il s’agit dans ce cas d’une augmentation de 18 % par rapport à la situation vécue cinq ans auparavant.

«  Il y a lieu de parler de crise du logement pour qualifier une situation aussi critique», affirme François Saillant, coordonnateur du FRAPRU. Il y a, à son avis, « un écart grandissant entre la capacité de payer des locataires de Sherbrooke et les loyers en vigueur sur le marché privé de l’habitation ». Il précise que le revenu médian des ménages locataires de Sherbrooke n’a augmenté que de 6,5 % entre 2006 et 2011, ce qui est deux fois moins que la hausse du loyer médian qui, elle, a été de 13,0 %.

Derrière les chiffres, les personnes

« Au-delà des chiffres, il y a des personnes et des familles qui en arrachent », s’exclame Normand Couture, coordonnateur de l’Association des locataires de Sherbrooke, en ajoutant : «  Plus les ménages paient un pourcentage élevé de leur revenu en loyer, plus ils coupent dans leurs autres besoins essentiels pour y parvenir. Et souvent, ce n’est même pas suffisant. C’est ce qui explique que près de 1300 nouvelles causes de non-paiement de loyer ont été présentées au bureau régional de Sherbrooke de la Régie du logement, en 2013-2014 ».

Normand Couture ajoute que le Dossier noir permet d’avoir une idée plus précise du type de ménages qui sont susceptibles de rencontrer des difficultés.

Les personnes seules sont surreprésentées dans ce groupe, plus de la moitié d’entre elles versant plus de 30 % de leur revenu en loyer et le quart plus de 50 %.

C’est aussi le cas des ménages d’immigration récente. Parmi ceux arrivés au pays entre 2006 et 2011, près d’un sur cinq engloutit plus de 80 % de ses revenus en loyer. De plus, 23 % vit dans un logement de taille insuffisante, alors que ce pourcentage n’est que de 4 % parmi l’ensemble des ménages locataires de Sherbrooke.

En terme d’âge, ce sont les locataires de 15 et 24 ans qui sont davantage à risque de payer plus de 50 % et de 80 % de leur revenu en loyer. C’est fort probablement dû à la forte présence étudiante à Sherbrooke. À l’opposé, ce sont les personnes âgées de 75 ans et plus qui comptent le plus haut pourcentage de ménages consacrant plus que la norme de 30 % de leur revenu en loyer. Elles sont 56 % à le faire, ce qui s’explique à la fois par la faiblesse de leur revenu et par le coût élevé des loyers qu’elles doivent payer.

Enfin, ce sont les femmes qui sont encore les plus nombreuses à verser un pourcentage exagéré de leur revenu en loyer, quoique l’écart se soit rétréci entre les deux sexes entre 2006 et 2011.

Des actions au menu

Le FRAPRU a profité de la conférence de presse pour annoncer une série d’actions visant à rappeler aux gouvernements leurs responsabilités à l’égard du droit au logement. Des déménagements symboliques auront notamment lieu, le 21 novembre prochain, devant les bureaux du premier ministre canadien Stephen Harper, à Ottawa, et du premier ministre québécois, Philippe Couillard, à Saint-Félicien, dans son comté de Roberval. Les membres de l’Association des locataires de Sherbrooke participeront à cette dernière action. La campagne « Le logement, un droit » comprendra plusieurs autres actions, dont un camp qui pourrait être de longue durée en mai 2015, à Montréal.

Loin de se plier au discours d’austérité budgétaire porté par le gouvernement Couillard, le FRAPRU et l’Association des locataires de Sherbrooke revendiquent le financement de 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans au Québec, dont 1350 qui pourraient se réaliser à Sherbrooke.

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