Montréal, le 21 mai 2025 —Sous l’impulsion de la Semaine d’actions du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), trois comités logement du sud-ouest montréalais, un des secteurs de la Ville les plus affectés par la crise de l’inabordabilité – le Projet d’organisation populaire, d’information et de regroupement (POPIR), le Comité des citoyennes et citoyens de Verdun (CACV) et le Regroupement information logement (RIL) – se relaient du 21 au 24 mai pour occuper des terrains publics du secteur. Ces sites, aujourd’hui en friche ou menacés par des projets privés, illustrent tous la même impasse : faute d’un programme québécois ambitieux et pérenne, le logement social tarde à voir le jour alors que la crise locative s’approfondit.
Déjà en 2021, 24% des locataires du secteur payaient trop cher pour se loger, avec un revenu annuel moyen de 29 320 $. Alors que les loyers ont augmenté de près de 34% depuis cette date, pour atteindre 1 192$, la précarisation des locataires empire. « Si les chiffres font peur, la réalité est pire. Le mal-logement prend de l’ampleur et la détresse des locataires monte en flèche. Le 1er juillet approche et ça se sent. Déjà qu’on peine à suivre la demande, sans alternative qui répond réellement aux besoins, la situation va juste devenir intenable. », affirme Flav Choquette-Giguère, porte-parole du POPIR.
Pour les trois organismes pour le droit au logement, en mars 2025, le gouvernement de François Legault a choisi de détourner le regard : aucune nouvelle enveloppe dédiée au logement social, aucun programme pérenne pour le développer. Le FRAPRU a d’ailleurs vivement dénoncé ces absences dans son analyse budgétaire, rappelant que laisser la crise suivre son cours nous coûte beaucoup plus cher collectivement que d’investir dans le logement social à la hauteur des besoins. « On ne peut pas parler de saine gestion quand on se prive d’une mesure majeure, capable de mettre à l’abri les locataires victimes de la crise », déplore Camille Toffoli porte-parole du CACV. Nicholas Di Penna-Harvest, porte-parole du RIL poursuit : « C’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui, pour rappeler au gouvernement du Québec que la crise du logement n’est pas une fatalité : la solution existe, et elle s’appelle logement social ».
À l’ouest de Montréal comme partout au Québec, les actions menées par les comités logement dans le cadre de la semaine d’actions portent le même message :
- Financer au moins 10 000 nouveaux logements sociaux par année, afin d’en doubler le nombre au Québec d’ici 15 ans.
- Mettre en place des programmes publics exclusivement consacrés à cette mission, pour développer des HLM, des coopératives et des OSBL d’habitation qui répondent réellement aux besoins des locataires.
Les actions du Sud-ouest ont débuté aujourd’hui sur le terrain municipal du 4 000 Saint-Patrick. Le POPIR y réclame 1 000 logements sociaux – au lieu de l’hôtel envisagé – et, plus largement, 2 600 unités dans Ville-Émard / Côte-Saint-Paul afin que le parc locatif atteigne 20 % de logements sociaux. Pour Flav Choquette-Giguère, la promesse de ce site démontre que « les solutions existent, mais qu’elles se heurtent à l’absence d’un financement public stable ». La journée d’occupation, ponctuée d’une manifestation, entend montrer la vitalité d’un quartier prêt à se mobiliser afin que leurs besoins soient enfin entendus.
Deux jours plus tard, la mobilisation se déplacera vers Verdun, au stationnement Ethel – l’un des derniers emplacements disponibles pour y développer du logement social. Le site deviendra un lieu de débats, de musique et d’activités familiales. Camille Toffoli, du CACV, souligne que « tant que ce terrain reste vide, ce sont les familles verdunoises qui paient la facture ». L’occupation mettra en relief la contradiction entre la flambée des loyers et la priorité accordée à des projets d’« éco-gentrification » plutôt qu’à des logements réellement abordables.
Le lendemain, le RIL fermera les actions du sud-ouest avec leur manifestation « L’envol des oies », au départ du parc Joe-Beef, pour revendiquer une affectation 100 % communautaire des terrains publics du Bassin Wellington. Nicholas Di Penna-Harvest rappelle que ces terrains appartiennent déjà à la collectivité : « Les vendre aux spéculateurs serait un non-sens alors que des milliers de ménages du quartier attendent un logement sain et abordable ». Le RIL exige la décontamination des sols par le gouvernement fédéral et le financement des logements sociaux à y bâtir. « Comme le FRAPRU, nous croyons que le gouvernement fédéral a la responsabilité de réaliser le droit au logement et qu’il dispose de moyens pour y arriver. Il doit notamment réserver tous les sites publics fédéraux excédentaires prioritairement à des fins de logement social. Ce sont des centaines de logements sociaux qui pourraient y voir le jours si la banque de terrains publics avait des objectifs clairs et qu’elle était accompagnée de programmes destinés au logement social », conclu le porte-parole.
Par leurs actions, l’appel au gouvernement du Québec des trois comités logement est sans concession : sans investissements massifs et prévisibles, la crise ne fera que s’enraciner.
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Renseignements :
Flav Choquette-Giguère, POPIR – 514 813-0453
Camille Toffoli, CACV – 514 622-1596
Nicholas Di Penna-Harvest, RIL – 438 365-1466