Montréal et Québec, le 4 novembre 2025 – « Le budget présenté aujourd’hui par le ministre François-Philippe Champagne représente une occasion ratée de s’attaquer avec sérieux aux problèmes de logement et d’itinérance. Non seulement n’accorde-t-il pas de budgets additionnels à Maisons Canada, pourtant une des promesses électorales phares du premier ministre Mark Carney, mais il prévoit que sa mise en place sera très longue, à peine 898 millions $ étant prévus en 2025-2026, 1,9 milliard $ en 2026-2027 et 1,8 en 2027-2028. De plus, il ne précise toujours pas les cibles que cette nouvelle agence fédérale devra atteindre pour faire reculer les crises d’abordabilité des logements et d’itinérance qui frappent tout le Canada dont le Québec ». C’est en ces termes que Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), critique le premier budget du gouvernement Carney.
Selon l’organisme québécois, le premier ministre est en train de reproduire avec Maisons Canada les erreurs que son prédécesseur, Justin Trudeau, a commises avec la Stratégie nationale sur le logement créée en 2017. « En ne définissant pas clairement de cibles à atteindre en termes de logements sociaux, susceptibles d’augmenter durablement l’offre d’appartements accessibles financièrement dès maintenant, le gouvernement Carney risque encore une fois de dilapider des milliards $ dans des initiatives ne répondant pas aux besoins les plus urgents », explique Mme Laflamme.
La porte-parole se demande si le gouvernement libéral n’est pas en train d’abandonner à Maisons Canada les arbitrages nécessaires pour s’assurer que les sommes qui lui sont confiées soient utilisées à bon escient : « Ce faisant, ce sont les responsabilités que la Loi impose au gouvernement fédéral à l’égard de l’avancement du droit au logement que celui-ci est en train d’abdiquer pour les céder à une agence n’ayant pas le même devoir d’imputabilité à cet égard ».
Le FRAPRU déplore que le budget Champagne n’a pas réellement renfloué les initiatives fédérales destinées au développement de logements sociaux et communautaires, soit les sous-volets création rapide de logements et sans but lucratif du Fonds pour le logement abordable, pourtant annoncées dans le dernier Plan du Canada pour le logement dans la foulée du budget d’avril 2024.
Ce sont 13 milliards $ de comptabilité de caisse et de crédits législatifs dont Maisons Canada dispose présentement, ce qui est insuffisant compte tenu de l’ampleur des problèmes. Le FRAPRU prend cependant bonne note que le budget affirme que « Maisons Canada axera principalement ses efforts sur les logements hors marché ». Il s’interroge cependant sur les moyens de s’assurer d’une réelle accessibilité financière immédiate de tous les logements réalisés.
Pour le garantir, le FRAPRU réclame que tous les investissements passent par des programmes de logement social pleinement abordables dont un qui serve au spécifiquement à la construction d’Habitations à loyer modique (HLM), formule abandonnée depuis 1993, en raison du retrait fédéral. Il demande également que les terrains et bâtiments publics excédentaires destinés à l’habitation soient réservées en priorité pour des logements sociaux et communautaires qui devraient les recevoir gratuitement ou à très faible coût, en s’assurant que les sols soient décontaminés pour être prêts à construire.
Des choix budgétaires et fiscaux condamnables
Le FRAPRU se dit outré que le gouvernement Carney ne recule pas sur sa décision de faire passer les dépenses militaires du Canada à 5 % du Produit intérieur brut (PIB) d’ici 2035, ce qui accroîtra les sommes réservées à cette fin à près de 150 milliards $ par année. Selon Catherine Lussier, coordonnatrice du FRAPRU, « Mark Carney fait le choix d’entrer de plein pied dans la surenchère actuelle à la militarisation, avec toutes les conséquences qu’elle aura inévitablement sur la sécurité déjà mise à mal de la planète ». Elle ajoute que « tout cet argent serait beaucoup plus utile socialement et au moins aussi créateur de bons emplois s’il servait à compenser pour le sous-investissement en logement et dans les autres programmes sociaux, à épauler les peuples autochtones dans leurs efforts pour répondre aux besoins impératifs de leurs communautés ou à mener la lutte contre les changements climatiques et les menaces pesant sur la biodiversité ».
Le FRAPRU critique du même coup le choix du gouvernement Carney de préserver les nombreux avantages fiscaux ne profitant qu’aux contribuables à très haut revenu et aux grandes entreprises. Il considère en particulier que le gouvernement fait preuve de sa déconnexion avec les besoins de la population avec les annulations récentes de la hausse de l’impôt sur les gains en capital pour les mieux nantis et de la taxe sur les services numériques. Il interroge aussi le moment choisit pour annoncer de nouvelles baisses d’impôt qui priveront les finances publiques de 27 milliards $.
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Pour plus d’informations
Véronique Laflamme (418) 956-3403
Catherine Lussier (514) 231-2309