Budget fédéral: le gouvernement Trudeau continue d’ignorer les véritables besoins en logement

Montréal, le 28 mars 2023 – « Le gouvernement libéral de Justin Trudeau vient de laisser passer l’occasion de faire en sorte que sa Stratégie nationale sur le logement permette de répondre aux besoins les plus urgents en matière de logement ». C’est en ces termes que Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), a commenté l’extrême faiblesse des annonces faites en habitation dans le budget présenté aujourd’hui par la ministre des Finances, Chrystia Freeland.

Elle accuse le gouvernement de faire « preuve de négligence et d’indifférence, alors que la situation des ménages à revenus faibles et modestes continue de s’aggraver compte tenu de l’explosion des loyers dont témoigne le dernier rapport sur le logement locatif de la SCHL ». Elle déplore par ailleurs que le budget n’accorde que 4 milliards $ en 7 ans pour le logement autochtone, alors que les organisations autochtones en revendiquaient un minimum de 6,3 milliards $ pour amorcer la mise en œuvre d’une stratégie visant à s’attaquer à la situation scandaleuse de l’habitation vécue aussi bien dans les communautés qu’hors de celles-ci.

Une stratégie nationale critiquée à raison

Le FRAPRU rappelle que la Stratégie nationale sur le logement, présentée par Ottawa comme un plan de plus de 82 milliards $, n’en consacre qu’une très faible partie aux ménages ayant des besoins impérieux en matière de logement, qui sont pourtant ceux officiellement visés par cette stratégie, ce qui a fait l’objet de critiques très vives provenant tout aussi bien de la Vérificatrice générale du Canada et du Directeur parlementaire du budget que de la Défenseure fédérale du logement et du Conseil national du logement.

Selon le regroupement québécois pour le droit au logement, les deux initiatives les plus importantes de la Stratégie ratent totalement la cible. Ainsi, en décembre 2022, sur les 39 682 appartements engagés en vertu de l’initiative de Financement de la construction de logements locatifs, 30 % ne permettront pas d’offrir des loyers inférieurs à ceux du marché. Or, ceux-ci sont déjà exorbitants pour les ménages à faible et modeste revenus. Quant au volet construction du Fonds national de co-investissement sur le logement, le tiers des 28 985 logements aidés jusqu’ici n’est même pas considéré comme « abordable », alors que cette notion ne garantit en rien l’offre de logements correspondant à la capacité de payer des ménages mal-logés. Le FRAPRU ajoute que de surcroit, le Québec n’a jusqu’ici reçu que 10,3 % des 20,6 milliards $ jusqu’ici consacrés à ces deux initiatives, ce qui montre qu’elles ne sont pas adaptées à ses réalités.

Le FRAPRU continue de revendiquer un changement de cap radical de la Stratégie national sur le logement pour que ses investissements soient réorientés vers le logement social, sous la forme de logements publics, coopératifs et sans but lucratif.

L’organisme est particulièrement outré que le budget ne prévoit pas de nouveau financement pour l’Initiative de construction rapide de logements (ICRL) qui, elle, finance du logement sans but lucratif pour des personnes en situation de grande vulnérabilité au niveau de l’habitation. Il est aussi déçu que le gouvernement ait ignoré la demande d’un programme d’acquisition de logements locatifs privés pour les transformer en logements hors-marché. Selon Véronique Laflamme, « Justin Trudeau fait ainsi fi d’un outil essentiel de lutte contre la spéculation immobilière et la marchandisation du logement », commente Véronique Laflamme.

Malgré le fait qu’Ottawa a reconnu en 2019, dans la Loi sur la stratégie nationale sur le logement, que le droit à un logement adéquat est un droit fondamental de la personne, les crises actuelles du logement entraînent des violations flagrantes de droits humains, comme le FRAPRU en fait état dans un rapport récemment déposé  à la Défenseure fédérale du logement. Le FRAPRU trouve d’autant plus inacceptable dans les circonstances que le gouvernement Trudeau n’en fasse pas davantage pour faire avancer la réalisation progressive de ce droit.

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Pour plus d’informations

Véronique Laflamme (418) 956-3403