Deuxième gouvernement minoritaire pour Justin Trudeau: fera-t-il mieux et plus pour le logement social ?

Discours de Véronique Laflamme, porte parole du FRAPRU, lors de la manifestation pour des terrains fédéraux dans le quartier Pointe-Saint-Charles, à Montréal, le 15 septembre 2019.
Photo: Céline Magontier

Le 20 septembre dernier, un gouvernement minoritaire libéral a été réélu à Ottawa. Durant la campagne électorale, le Parti libéral du Canada (PLC) n’a pris aucun engagement pour le logement social. Il a pratiquement réduit la crise du logement aux nouvelles difficultés pour la classe moyenne d’accéder à la propriété privée, écartant les besoins urgents des ménages locataires à modeste et à faible revenus mal-logés. Le logement social n’est aucunement apparu comme une solution à cette crise du logement, qui oblige plusieurs à choisir entre payer le loyer et se nourrir. 

Le PLC a promis de construire ou de rénover 250 000 logements de plus en 4 ans, dont 100 000 « nouvelles propriétés pour la classe moyenne ». Il prévoit maintenir le cap sur les programmes déjà prévus dans la Stratégie nationale sur le logement (SNL) et ce, malgré les nombreuses critiques formulées sur les critères d’abordabilité utilisés pour sélectionner les projets de logements à subventionner. Le PLC ne s’engage pas non plus à reconduire ou à rendre récurrente l’Initiative de création rapide de logements (IRCL), la seule dédiée à du logement hors marché privé. Dans ses rapports de 2019 et de 2021 sur les dépenses fédérales, le Directeur parlementaire du budget prévoit que, sans dépenses supplémentaires dans des programmes destinés à aider les ménages à faible revenu, le nombre de ménages ayant besoin d’un logement véritablement accessible financièrement augmentera.

La balance du pouvoir aux oppositions : les promesses en faveur du logement social doivent être tenues

Durant toute la campagne électorale, le FRAPRU a réclamé 3 milliards $ par année pour le développement de nouveaux logements sociaux. Il a également demandé toutes les sommes requises pour remettre en état les logements sociaux construits avant 1994 (incluant les HLM dont les conventions sont arrivées à échéance) et pour maintenir à long terme les subventions au loyer des ménages à faible revenu qui y habitent. Le Nouveau parti démocratique (NPD) et le Bloc québécois (BQ) ont pris des engagements dans ce sens. 

Le NPD a été le plus ambitieux, promettant 500 000 logements sociaux et abordables au cours des 10 prochaines années, dont 110 000 au Québec. Dans sa plateforme québécoise, il s’est engagé à soutenir des investissements d’au moins 3 milliards $ de plus par an, pour la construction de nouveaux logements sociaux.  Du côté du BQ, il a promis de soutenir un réinvestissement progressif dans le logement social jusqu’à atteindre 1% des revenus annuels totaux du Canada.

Actuellement, cela correspond à 3,55 milliards $ par année. Cependant, ces fonds seraient dédiés à la fois aux nouveaux développements et à la restauration de ceux déjà construits. Il s’est aussi engagé à soutenir la création d’un fonds d’acquisition à travers la SNL, permettant aux coopératives et aux OBNL d’acheter des immeubles et de les socialiser. 

Aujourd’hui, la balance du pouvoir est entre les mains de ces deux partis. Justin Trudeau doit négocier avec eux pour faire passer son budget. C’est une occasion à ne pas rater pour imposer des investissements ciblés vers le logement social et pour permettre d’atteindre les objectifs de la SNL, soit que chaque ménage canadien ait enfin accès à un logement décent, à un prix convenable.