Montréal, le 4 novembre 2021 – À deux jours du vote, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) se réjouit que le logement ait été un enjeu central de la campagne électorale montréalaise. Vu la hausse affolante des loyers dans tous les arrondissements, la pénurie de logements locatifs en périphérie et les opérations de « réno-viction » qui chassent les locataires de leurs logements et de leurs quartiers, il est satisfait que les principaux partis en lice aient pris des engagements chiffrés de développement de logement social. Il est toutefois déçu que Projet Montréal et Ensemble Montréal aient fait preuve de si peu d’ambition dans leurs promesses, malgré les besoins criants. Le regroupement est aussi consterné que la protection des locataires contre les évictions illégales n’ait fait l’objet d’aucune attention de la part des principaux partis. Il publie aujourd’hui son traditionnel bulletin de fin de campagne.
Projet Montréal (B –) : Valérie Plante rate encore une occasion de faire preuve d’ambition
Pour le moment, Projet Montréal a promis 60 000 logements abordables en 10 ans dont 2000 destinés à des gens aux études. Le parti de Valérie Plante s’est également engagé à réaliser, si Québec y consent, 8000 logements sociaux dans le prochain mandat. Échaudé par les loyers de logements privés supposément « abordables », loués à plus de 2000$ par mois, bien que subventionnés par le fédéral, le FRAPRU aurait espéré une plus grande proportion de logements publics, coopératifs et sans but lucratif, les seuls véritablement accessibles aux locataires mal-logés. Il aurait aussi souhaité connaître la part du 60 000 qui sera réellement hors marché privé et est déçu que Projet Montréal n’ait pas précisé de cible à cet égard, malgré ses demandes. Le regroupement apprécie toutefois que le parti de Valérie Plante se soit engagé à poursuivre l’acquisition de sites réservés à de futurs logements sociaux, ainsi que les fonds prévus pour ce faire, et les pressions auprès des gouvernements supérieurs pour obtenir les sommes nécessaires pour les réaliser.
Cependant, le FRAPRU s’explique mal que le registre des loyers promis ne soit pas obligatoire pour les immeubles de 7 logements et moins. « Tous les logements sont concernés par les hausses de loyer abusives, particulièrement les logements familiaux qui se retrouvent souvent dans des duplex et des triplex », mentionne Catherine Lussier, responsable des dossiers Montréal au FRAPRU. Elle aurait souhaité des engagements nettement plus ambitieux, puisque 24 000 ménages sont inscrits sur la liste d’attente de l’OMHM pour obtenir une habitation à loyer modique (HLM).
Mouvement Montréal (B –) : Balarama Holness, des promesses trop vagues pour être vraies?
Selon le FRAPRU, Mouvement Montréal aurait une plateforme intéressante pour les personnes mal-logées si le parti avait pris la peine de préciser davantage ses engagements, notamment en combien de temps il prévoit livrer les 24 000 logements sociaux promis. De même, le regroupement aurait souhaité des détails sur la mise en place du registre des loyers promis, pour juger de son efficacité. Toutefois, le FRAPRU apprécie que le parti de Balarama Holness, le seul d’ailleurs, souhaite améliorer le Règlement pour une métropole mixte (RMM) en augmentant à 30 % le pourcentage d’inclusion obligatoire de logements sociaux dans les grands développements résidentiels et en retirant les exceptions permettant aux promoteurs de ne pas s’y soumettre. Le FRAPRU considère que tous les partis devraient le prendre en exemple.
Ensemble Montréal (C-) : Denis Coderre abandonne encore une fois les locataires?
Tout le long de la campagne, Denis Coderre a réduit la crise du logement à une question d’offre insuffisante. Le FRAPRU rappelle que le taux d’inoccupation des logements locatifs est pourtant de 3,2 % à Montréal, soit au-dessus du seuil d’équilibre; selon lui, la crise du logement est avant tout un problème d’abordabilité. « Ce qui se construit et se loue en ce moment est hors de prix pour une grande proportion de locataires montréalais », indique Catherine Lussier.
Ensemble Montréal s’engage à développer 50 000 logements en 4 ans dont 10 000 logements sociaux. « Ce n’est pas ce qu’on peut appeler un remède de cheval; c’est largement insuffisant », proteste Catherine Lussier. Bien que Coderre promet plus de logements sociaux que Projet Montréal, on ne peut pas faire fi de l’effet inflationniste qu’auront les 40 000 autres logements pas du tout abordables qui seront construits. Par ailleurs, le regroupement conteste l’utilisation que Denis Coderre souhaite faire des terrains municipaux excédentaires, en les cédants aux promoteurs privés, le registre volontaire des loyers et l’abolition du RMM; il constate que ces promesses favorisent indûment les intérêts spéculatifs et risquent d’aggraver la situation des locataires vulnérables.
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Rappelant que deux tiers des ménages montréalais sont locataires et que le revenu médian de ces derniers est inférieur à 38 800$ par an, le FRAPRU souhaite que la prochaine administration vise la réalisation d’au moins 22 500 logements sociaux en 5 ans pour répondre aux besoins les plus urgents et protège mieux le parc de logements locatifs encore abordables. Pour y parvenir, elle devra interpeller les gouvernements supérieurs avec vigueur et conviction pour obtenir toutes les sommes et les outils requis.
Le regroupement et ses membres de Montréal demandent également aux partis de mettre en place un registre obligatoire des loyers et de mieux protéger les locataires contre les évictions. « Les partis ont encore quelques jours pour prendre de tels engagements », mentionne madame Lussier, avertissant du même souffle que le FRAPRU sera là au lendemain des élections pour faire entendre la voix des mal-logés et faire valoir leurs droits.
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Pour information :
Catherine Lussier, responsable des dossiers montréalais, cellulaire : 514 231-2309