Cris du cœur à Lévis

La hausse marquée du coût des logements a été dénoncée à maintes reprises, lors de l’audience de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement à Lévis. C’est une locataire de 53 ans, qui a perdu son emploi l’année dernière, qui a le mieux décrit le problème d’incapacité de payer auquel font face bien des locataires de la région Chaudière-Appalaches. Elle a expliqué qu’elle doit payer 480 $ par mois pour un logement minuscule, alors qu’elle ne reçoit que 589 $ d’aide sociale, ce qui ne lui laisse pour le mois que 109 $ pour tous ses autres besoins essentiels. «  Je fais quoi, moi  ?  », a-t-elle lancé, en précisant qu’elle est 114e sur la liste d’attente de l’Office municipal d’habitation pour un HLM.

Ce témoignage et bien d’autres entendus le 19 octobre ont fait ressortir l’importance du logement social. Roxane Blanchet de l’Association pour la défense des droits sociaux (ADDS) de la Rive-Sud, qui a organisé l’audience en collaboration avec le Centre de femmes L’Ancrage, a affirmé  : «  Les HLM, ça change des vies. Ça brise l’isolement. Ça permet aux locataires de ne consacrer que 25 % de leurs revenus en loyer. Ça les sort de la survie  ».

Le Groupe de ressources techniques (GRT) Habitation Lévy et l’ACEF de la Rive-Sud de Québec ont cependant témoigné des difficultés pour réaliser de nouveaux logements sociaux. Même si la Ville de Lévis s’est déclarée prête à en réaliser 375 en trois ans, la Société d’habitation du Québec ne lui en a accordé que 14 en 2012, dans le cadre d’AccèsLogis…

«  Je veux un toit au-dessus de ma tête  »

C’est en faisant entendre six témoignages, qui ont bouleversé les commissaires et la cinquantaine de personnes présentes, que le groupe Personnes handicapées en action de la Rive-Sud, a dénoncé l’absence d’une politique d’accessibilité universelle permettant à toute personne, quelles que soient ses limitations physiques, de circuler et de vivre dans un appartement bien à elle.

Une femme de 32 ans souffrant de paralysie cérébrale a affirmé qu’elle se bat depuis une dizaine d’années pour avoir un appartement adapté à ses besoins, mais qu’elle n’avait aucun autre choix que de continuer à vivre chez ses parents. Une autre personne a raconté les difficultés qu’elle éprouve en essayant de circuler en fauteuil roulant dans un appartement trop petit, alors qu’une autre a témoigné qu’elle doit monter avec une marchette au troisième étage où elle habite.

Plusieurs témoignages ont aussi permis de constater que la difficulté de se loger n’est pas beaucoup moins grande en milieu rural. Une femme, qui a déménagé à Armagh, dans le comté de Bellechasse, s’est rapidement aperçue de la difficulté de vivre dans un village situé loin des services, où la voiture est indispensable et où les logements sont souvent de mauvaise qualité. Si elle paie moins cher de loyer qu’à Lévis, l’absence d’isolation de son logement lui coûte une fortune en chauffage, avec les mêmes conséquences  : couper sur la nourriture ou les fournitures scolaires des enfants.

L’A-Droit de Chaudière-Appalaches, qui intervient en santé mentale dans toute la région, a évoqué les problèmes de discrimination vécus dans «  de petits milieux où tout le monde se connaît  ». Il a ajouté qu’en milieu rural, les HLM sont réservés aux personnes âgées et qu’il n’y a «  pas de place pour les ménages avec d’autres problématiques  ».

Un travailleur de rue (ou de rang, a-t-il ajouté) de Bellechasse a témoigné de son travail auprès de jeunes adultes qui «  vivent des situations qui n’ont pas d’allure  »  : «  Il n’y a pas d’itinérance, mais de l’errance  : des personnes qui vont d’une place à l’autre, qui n’ont pas de bail et qui subissent de la discrimination  ».