Des projets de logements sociaux en péril

De nombreux locataires et comités logement sont inquiets pour l’avenir des projets de logements sociaux au Québec. Sans financement additionnel dans AccèsLogis, ils risquent ne jamais voir le jour.

Rassemblement de Loge m’entraide devant l’hôtel de Ville de Saguenay, le 15 octobre 2020.
Photo: Sonia Côté.

C’est le cas de la Coopérative d’habitation de la Solidarité, à Jonquière, soutenue par Loge m’entraide. Débuté en 2013, ce projet devrait permettre de loger 12 à 15 personnes seules à faible revenu. La région connaît actuellement une grave pénurie de logements et le loyer moyen du marché a augmenté de 7 % en un an. Près de 8860 locataires vivant seuls payent plus de
30 % de leur revenu pour le loyer*. Pourtant, la municipalité hésite à appuyer ce projet essentiel et il manque toujours le financement de Québec pour garantir sa réalisation.

Action-création du Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur avec l’artiste Wartin Pantois demandant l’acquisition du site et l’obtention d’une vocation sociale.
Photo: Wartin Pantois

À Québec, le Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur craint aussi que le projet de la Coopérative l’Alchemille ne tombe à l’eau. Plus de 30 logements seraient offerts à des locataires à faible revenu, des personnes aînées et des familles. Depuis juin 2021, la Ville de Québec a épuisé ses fonds réservés dans le programme AccèsLogis et le gouvernement n’a toujours pas annoncé de nouveaux investissements. Pendant ce temps, la gentrification du quartier amplifie la difficulté des locataires à trouver un logement à bon marché.

Pancarte indiquant le nombre de logements sociaux risquant de n’être jamais construits sur l’ancien site de l’entrepôt Métro, dans Mercier-Est, à Montréal.
Photo: Infologis de l’est de l’île de Montréal

L’absence de grands logements pour les familles à faible revenu est un vrai problème. Dans Mercier-Est, à Montréal, le taux d’inoccupation pour les logements de 3 chambres à coucher et plus y est de seulement 0,1 %. Le projet privé des Cours Bellerive dans le cadre du redéveloppement de l’ancien entrepôt Métro devrait inclure environ 88 logements sans but lucratif.

Une part d’entre eux pourrait répondre aux besoins des familles du quartier, comme le demande Infologis de l’est de l’île de Montréal. Sans investissement dans le logement social, ce projet risque d’être délaissé et des familles risquent d’être déracinées, faute d’y trouver un logement adéquat.

Le Comité logement du Plateau Mont-Royal et des membres de la Maison Ludivine-Lachance, 20 février 2020
Photo: Comité logement Plateau Mont-Royal

Depuis 2015, le Comité logement du Plateau Mont-Royal et la communauté sourde se mobilisent autour de la conversion de l’ancienne Institution des Sourdes, située sur la rue Saint-Denis, à Montréal. Ils demandent que le site conserve sa vocation sociale, publique et communautaire. En 2019, l’OSBL la Maison Ludivine Lachance a été fondé afin de réaliser un projet de 80 à 90 logements sociaux sur une portion du site, pour des personnes de la communauté sourde. Entre l’augmentation des prix des loyers, la pénurie de logements, la discrimination et la précarité que vivent les personnes sourdes, la communauté sourde en bénéficierait grandement.

Des nombreux autres projets de logements sociaux (coopératifs, sans but lucratif et publics) comptent sur un réinvestissement de Québec pour être menés à terme et ainsi freiner la pénurie de logements. Quand le gouvernement se décidera-t-il enfin de répondre aux besoins criants des personnes mal logées?

* Source : Statistique Canada; recensement de 2016.