Dossier noir Logement et pauvreté : Les locataires de Sainte-Foy parmi les plus affectés par les problèmes de logement

Québec, le 12 février 2019 –À Sainte-Foy et à Sillery, près de quatre ménages locataires sur 10 paient un loyer trop élevé par rapport à leur revenu. C’est ce que révèlent les chiffres rendus publics aujourd’hui par le Comité d’aide aux locataires (CLAL) du secteur ouest de Québec et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Ce dernier a dévoilé les statistiques locales de son septième Dossier noir sur le logement et la pauvreté, compilées à partir de données, pour la plupart inédites, du recensement mené en 2016 par Statistique Canada.

Même si, globalement, leur situation s’est améliorée entre les deux derniers recensements, les ménages locataires de Sainte-Foy sont proportionnellement plus nombreux que dans le reste de la ville, et même que dans l’ensemble du Québec, à se trouver en grande difficulté parce que leur loyer accapare une part démesurée de leur budget. Sur les 14 630 ménages locataires de Sainte-Foy-Sillery, 37,4 % consacrent plus de la norme de 30 % de leur revenu pour se loger. « Pire, 16 % des ménages locataires consacrent plus de la moitié de leur revenu pour se loger, et parmi eux, 1 120 sont dans une situation extrême; leur loyer représente 80 % ou plus de leur revenu », s’inquiète Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

Le FRAPRU précise que les personnes seules et les femmes sont les plus nombreuses à payer un pourcentage beaucoup trop élevé de leur revenu en loyer. Par tranches d’âge, ce sont les jeunes et les personnes aînées qui sont les plus affectés par ce problème. Les ménages locataires âgés entre 15 et 24 ans  rencontrent les difficultés les plus importantes à Sainte-Foy et Sillery où ils comptent pour 20 % des locataires. Cette forte proportion s’explique par la présence sur le territoire de l’Université Laval et de plusieurs autres maisons d’enseignement supérieur.

Si l’insuffisance des revenus est la principale cause des problèmes de logement, la cherté des loyers y contribue également, selon les organismes de défense des droits. « Le revenu médian des ménages locataires de Sainte-Foy est comparable à celui de l’ensemble de la ville de Québec, cependant, les loyers sont beaucoup plus élevés à Saint-Foy-Sillery », explique Véronique Laflamme. Selon le dernier Rapport sur le marché locatif, de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, le loyer moyen y est de 946 $ par mois pour un deux chambres à coucher, alors qu’il est de 851 $ dans l’agglomération de Québec.

Le revenu médian des ménages locataires de Sainte-Foy dont le taux d’effort est de 50 %, est de seulement 12 491 $ par année. « Une fois le loyer payé, il leur est pratiquement impossible de ne pas couper dans leurs autres besoins essentiels, comme se nourrir, et cela se fait au détriment de leur santé et de leur sécurité », s’inquiète Cheryl Ann Dagenais, coordonnatrice du Comité logement d’aide aux locataires. Selon elle, « le marché privé ne peut clairement pas répondre aux besoins des locataires à faible et à modeste revenus », ajoutant que « ça prend du logement social de toute urgence, mais il ne s’en construit pratiquement pas depuis des années ».

Le CLAL déplore le type de développement privilégié par la mairie à Sainte-Foy, lequel ne répond pas aux besoins de la majorité des locataires. Selon l’organisme, la ville a un rôle important à jouer pour qu’un nombre suffisant de logements sociaux soit réalisé dans le secteur. « Pour contrer la spéculation foncière qui nuit à leur développement, il faut constituer une réserve de terrains et de sites destinés à des futurs projets de coopératifs et sans but lucratif, comme le fait la ville de Montréal, et il faut aussi forcer les promoteurs privés à inclure des logements sociaux dans leurs projets », explique Cheryl Ann Dagenais.

Les deux organismes interpellent aussi les gouvernements supérieurs, sur le point de déposer leurs budgets. « Malgré les besoins urgents, les fonds de Québec et d’Ottawa versés dans le programme AccèsLogis n’ont permis de financer que 3000 nouveaux logements sociaux par an, ces dernières années », souligne la porte-parole du FRAPRU. « Non seulement ce nombre est insuffisant, mais la lenteur du gouvernement québécois à ajuster ce programme fait en sorte que seulement 731 unités ont réellement été livrées pour tout le Québec, dans la dernière année financière ». « Avec des surplus qui se comptent en milliards de dollars et les sommes importantes promises par le fédéral dans le cadre de la Stratégie canadienne sur le logement, le gouvernement de François Legault a amplement les moyens d’améliorer la situation », conclut Véronique Laflamme.

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Pour plus d’informations :

Véronique Laflamme, FRAPRU : 418 956-3403

Cheryl Ann Dagenais, CLAL : 581-983-5511 (cell.); 418 651-0979 (bureau).

@FRAPRU