Dossier noir Logement et pauvreté: Les locataires de la Mauricie les plus pauvres au Québec

Trois-Rivières, le 17 décembre 2018– Même si leurs revenus se sont améliorés entre les deux derniers recensements, les locataires de la Mauricie sont les pauvres de toutes les régions administratives du Québec. C’est d’abord l’insuffisance de revenus qui explique leurs problèmes de logement. C’est un des constats fait par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et le Comité logement Trois-Rivières lors de la présentation des données locales du 7ème Dossier noir sur le logement et la pauvreté compilé à partir de données, pour la plupart inédites, du recensement mené en 2016 par Statistique Canada.

« Alors que le revenu médian des ménages locataires du Québec est de 37 392$, celui de la Mauricie est de 29 704 $ » explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. « Même si le loyer moyen est moins élevé à Trois-Rivières que dans les autres régions métropolitaines, l’écart entre leurs revenus est beaucoup plus important que celui entre les loyers précise-t-elle. Les locataires de Trois-Rivières ont un revenu médian annuel de 6 263$ plus bas que la moyenne des locataires du Québec, ceux de La Tuque et de Shawinigan respectivement de 9 363$ et 11 007 $ de moins.

Sur les 27 355ménages locataires de Trois-Rivières, ce sont plus du tiers (32 %) qui consacrent plus de la norme de 30% de leur revenu pour se loger. « 3 235 ménages locataires consacrent plus de la moitié pour se loger, 1 025 dans la situation extrême où ils y consacrent 80 % ou plus de leur revenu » s’inquiète Véronique Laflamme. Elle ajoute que les personnes seules, les personnes âgées, les femmes et les jeunes sont les plus nombreux à payer un pourcentage beaucoup trop élevé de leur revenu en loyer.

Le FRAPRU et le Comité logement soulignent que c’est l’insuffisance de revenu qui est d’abord en cause dans les problèmes de logement, le revenu médian des ménages locataires qui consacrent plus de 50% de leur revenu au loyer étant de 10 411$.  « Il leur est pratiquement impossible de ne pas couper dans leurs autres besoins essentiels une fois le loyer payé, et cela se fait au détriment de leur santé et de leur sécurité » affirme Marie-Claude Morin, coordonnatrice du Comité logement Trois-Rivières.

Selon Marie-Claude Morin, « le marché privé ne peut clairement pas répondre aux besoins des locataires à faibles et modestes revenus ». Elle note au passage que ces personnes, qui sont nombreuses à faire appel au Comité logement, se retrouvent souvent dans de mauvais logements. Selon les données du Recensement, 1495 ménages locataires de Trois-Rivières déclaraient habiter un logement nécessitant des réparations majeures lors du dernier recensement.

Selon les organismes, le logement social, sous ses différentes formes (coopérative, sans but lucratif ou public), est la seule solution durable, car il assure des loyers respectant la capacité de payer des ménages et une sécurité d’occupation.  En pleine période des guignolées, ils rappellent que les gouvernements ont le devoir de mieux lutter contre la pauvreté et que les programmes sociaux, comme le logement social, sont nécessaires pour y arriver. Le Comité logement Trois-Rivières interpelle le ministre responsable de la Mauricie Jean Boulet, qui est également ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale : « Il peut intervenir afin que son gouvernement investisse les sommes nécessaires dès le prochain budget », rappelle sa coordonnatrice.

« Malgré les besoins urgents, les fonds en provenance de Québec et d’Ottawa ne permettent de financer que 3000 nouveaux logements sociaux par année » souligne la porte-parole du FRAPRU. « Non seulement ce nombre est insuffisant, mais la lenteur du gouvernement à réagir aux difficultés rencontrées dans leur réalisation fait en sorte que 731 unités ont réellement été livrées pour tout le Québec dans la dernière année financière ».

En campagne électorale, la CAQ a pris l’engagement de livrer pendant le présent mandat les 12 500 logements sociaux déjà annoncés par le gouvernement antérieur, mais pas encore réalisés. Selon les groupes, pour le faire dans les délais promis, il doit procéder sans attendre, et devrait prévoir les sommes nécessaires dans son budget. Le FRAPRU et le Comité logement rappelle cependant que cette seule amélioration ne sera pas suffisante et qu’il faut relancer sans attendre un plan pluriannuel de développement du logement social, en réinvestissant avec ambition.  « Avec des surplus qui se comptent en milliards de dollars et les sommes importantes promises par le fédéral dans le cadre de la Stratégie canadienne sur le logement, Québec n’a jamais été en aussi bonne posture pour le faire » conclue Véronique Laflamme.

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Pour plus d’informations :

Marie-Claude Morin, Comité logement Trois-Rivières :  (819) 694-6976; 819 266-7368 (cell.)

Véronique Laflamme, FRAPRU : (418) 956-3403

@FRAPRU