Explosion du nombre de mal-logés à Gatineau

Gatineau, le 9 octobre 2014 – Le nombre de locataires en très grande difficulté financière a explosé à Gatineau entre 2006 et 2011. C’est ce que constatent le Front d’action populaire en réaménagement urbain et Logemen’occupe, à la lumière des données locales du Dossier noir sur le logement et la pauvreté, publié par le FRAPRU.

Les deux organismes se disent stupéfaits de l’augmentation de 57 % du nombre de ménages locataires gatinois consacrant plus de 80 % de leur revenu en loyer. Pas moins de 3890 ménages, dont 2700 personnes seules et 675 familles avec enfants, se retrouvent maintenant dans cette situation extrême, selon des données provenant d’une commande spéciale faite à Statistique Canada, à partir de l’Enquête nationale auprès des ménages menée en 2011.

François Saillant, coordonnateur du FRAPRU estime qu’il faut parler de « crise du logement »: « Comment ne pas parler de crise, quand un ménage sur dix en est rendu à payer les 4/5 de ses revenus uniquement pour avoir un toit au-dessus de sa tête, avec tous les conséquences qu’une telle situation a sur sa capacité à répondre à ses autres besoins essentiels, dont la nourriture, le vêtement ou les médicaments? Comment ne pas y voir la démonstration de l’incompatibilité grandissante entre les loyers en vigueur sur le marché privé de l’habitation et la capacité de payer d’une large partie des locataires?».

Le FRAPRU précise que bien d’autres locataires ont vu leur sort se détériorer entre 2006 et 2011 à Gatineau. Ainsi, le nombre des ménages consacrant plus que la norme de 30 % de leur revenu en loyer a augmenté de 18 % pour se chiffrer à 15 215. Pire, le nombre de ménages en payant plus de la moitié est maintenant de 7415, une augmentation de 30 % par rapport à 2006.

François Roy, coordonnateur de Logemen’occupe, explique cette aggravation par l’écart entre la croissance des loyers et celle des revenus : «  Entre 2006 et 2011, le loyer médian a augmenté de 14 % à Gatineau, alors que le revenu médian des locataires, lui, n’a connu qu’une hausse de 11 %. Ce loyer, qui était déjà le plus cher au Québec, atteignait 733 $ en 2011. C’est loin d’être tout le monde qui est en mesure de payer un tel loyer ».

M. Roy ajoute que la différence entre la hausse des loyers et celle des revenus est encore plus flagrante sur une période de trente ans. Ainsi, le loyer médian a augmenté de 192 % entre 1981 et 2011, ce qui est bien supérieur à la hausse du loyer médian des locataires qui a été de 145 %.

Le coordonnateur de Logemen’occupe précise que certains types de ménages sont surreprésentés parmi les locataires consacrant plus de 30 %, 50 % et 80 % de leur revenu en loyer. C’est le cas des personnes vivant seules, des ménages dont le principal soutien financier est une femme, des locataires dont l’âge est de plus de 75 ans et de ceux qui ont entre 15 et 24 ans.

Les nouveaux arrivants rencontrent de sérieux problèmes à se loger convenablement, à un prix raisonnable. Ainsi, 31 % des ménages ayant immigré depuis 2006 versent plus de la moitié de leur revenu en frais de logement, alors que ce pourcentage est de 18 % parmi les locataires non-immigrants. De plus, 27 % de ces ménages demeurent dans un logement de taille insuffisante, alors que ce pourcentage est de 7 % parmi l’ensemble des locataires.

En campagne

 La présentation locale du Dossier noir sur le logement et la pauvreté s’inscrit dans une campagne que le FRAPRU et ses groupes membres, dont Logemen’occupe, mèneront tout au long de l’année, sous le thème « Le logement, un droit ». Plusieurs actions et manifestations seront organisées, dont un déménagement simultané de meubles, le 21 novembre, devant les bureaux du premier ministre canadien, Stephen Harper, à Ottawa, et de celui du Québec, Philippe Couillard, à Saint-Félicien.

Le FRAPRU et Logemen’occupe ne cachent notamment pas leur inquiétude face à l’examen des programmes mené présentement par le gouvernement Couillard dans l’objectif d’y opérer des compressions de 3,2 milliards $ en 2015-2016. Ils le mettent en garde contre toute volonté de réduire les budgets déjà insuffisants consacrés au logement social. Ils revendiquent au contraire qu’ils soient sérieusement augmentés pour permettre la réalisation de 50 000 logements sociaux au cours des cinq prochaines années. « Il en va du respect du droit au logement », conclut François Saillant.

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Pour plus d’informations :
François Saillant, FRAPRU, (514) 919-2843
François Roy, Logemen’occupe, (613) 277-6507
https://www.frapru.qc.ca
@FRAPRU