Les spécificités de la situation de l’habitation en Outaouais québécois ont été mises en lumière, lors de l’audience de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, à Gatineau, le 30 octobre. Tout au long de la journée, les commissaires ont entendu 27 organismes et individus témoigner des multiples difficultés à se loger dans une région pourtant reconnue comme riche, mais où la pauvreté est omniprésente.
François Roy, coordonnateur de Logemen’occupe, a démontré que la proximité d’Ottawa, situé juste de l’autre côté de la rivière, crée une pression à la fois sur le coût et sur l’offre de logements locatifs. Parmi les six régions métropolitaines, c’est à Gatineau où les logements sont les plus chers au Québec. Le loyer moyen était de 721 $ par mois à l’automne 2012. Si le Collectif régional de lutte à l’itinérance en Outaouais (CRIO) a évoqué le nombre grandissant de personnes et de familles sans logis, Logemen’occupe et les Œuvres Isidore-Ostiguy en ont illustré les conséquences. Les deux organismes ont fait entendre plusieurs témoignages de personnes qui se sont retrouvées dans cette situation. Ils ont décrit les complications bureaucratiques auxquelles elles ont dû se soumettre pour obtenir de l’aide de la part des autorités municipales, de l’Office municipal d’habitation de Gatineau ou de la Société d’habitation du Québec.
Les multiples visages de l’exclusion
Accueil-Parrainage Outaouais s’est, pour sa part, attardé sur les difficultés rencontrées par les personnes et les familles – souvent nombreuses – issues de la nouvelle immigration, dans une ville qui a justement été ciblée pour les recevoir en grand nombre. Elles passent difficilement le cap de l’enquête de crédit et, même si c’est illégal, elles se font demander des avances de 3 à 6 mois de loyer. Quand elles accèdent à un logement, il est bien souvent insalubre, ce qui ne les empêche pas de consacrer de 70 % à 100 % de leurs revenus au loyer.
Le problème de l’insalubrité est d’ailleurs revenu régulièrement dans les témoignages entendus. Diane Tremblay, directrice d’Entraide familiale Outaouais, dont le travail la met en lien quotidien avec des personnes et des familles en situation de pauvreté, en a témoigné : « Les taudis, on les a probablement tous vus ». Elle a fait ressortir une composante indispensable du droit au logement, celui à l’ameublement.
D’autres groupes ont parlé des difficultés particulières vécues par les personnes handicapées, les personnes âgées, celles qui ont des problèmes de santé mentale ou celles atteintes du VIH-Sida.
Certaines notes d’espoir ont heureusement été entendues durant la journée d’audience, provenant notamment de locataires dont le sort s’est amélioré quand elles ont eu accès à un logement social avec soutien communautaire. Une locataire des Œuvres Isidore-Ostiguy l’a exprimé très clairement : « Maintenant, je vis… Avant, je ne vivais pas ».