Un Grand Forum expose les conséquences désastreuses de la crise du logement

Montréal, le 10 novembre 2021 – Un Grand Forum virtuel sur les crises du logement organisé hier par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), a réuni 150 personnes provenant de différentes régions du Québec et même d’autres provinces canadiennes, pour entendre une trentaine de témoignages révélateurs des conséquences désastreuses des crises du logement. Ils provenaient de plusieurs quartiers de Montréal, mais aussi de Rimouski, Grande-Rivière, Joliette, Mirabel, Gatineau, Longueuil et Saint-Jérôme.

Les locataires, et dans certains cas, des intervenantes, ont raconté les difficultés vécues lors de la recherche d’un logement adéquat par les femmes victimes de violence conjugale, les grandes familles, les Autochtones, les personnes racisées, surtout celles qui ont immigré récemment, les personnes en situation d’handicap et toutes les personnes dont le revenu ne permet plus de payer le loyer sans couper dans d’autres besoins essentiels. Plusieurs ont également témoigné des conséquences des tentatives d’évictions sur leurs vies et celles de leurs voisinages: insécurité, stress, dépression, perte de réseaux d’appartenance. Des locataires ayant obtenu gain de cause ont insisté sur l’importance de défendre ses droits, mais également d’obtenir de meilleures protections juridiques.

Outre la pénurie de logements locatifs et la cherté des loyers, les nombreuses personnes ayant pris la parole ont dénoncé, la discrimination exercée quasi systématiquement contre les jeunes locataires, les familles avec enfants mineurs, les personnes immigrantes, les personnes prestataires d’aide sociale et les personnes en situation de handicap.  Il a aussi été question d’insalubrité des logements, de surpeuplement, du manque de logements adaptés et accessibles universellement, de spéculation immobilière, d’évictions souvent sous de faux motifs pour augmenter le prix des loyers, d’autres pour transformer les appartements en copropriétés, de harcèlement et de la transformation des quartiers au détriment de la population traditionnelle.

Des familles sans logis en hébergement temporaire depuis plusieurs semaines ont fait entendre leurs voix. Une personne sans abri ayant vécu longuement au campement de la rue Notre-Dame à l’été et à l’automne 2020 a aussi raconté son expérience. Leurs témoignages ont illustré les ratés de l’aide d’urgence basée sur le marché privé et ont insisté sur l’urgence de travailler à des solutions permanentes.

« Il y a quelque chose dans le système qui ne fonctionne pas », « c’est la galère pour trouver un logement; on est stressé », « j’ai appelé partout et il n’y a rien au prix que je peux payer », « on n’arrive pas à trouver une solution », « ça ne débouche pas, c’est très difficile parce que je ne sais pas où je vais finir », « Il faut que le gouvernement fasse quelque chose », a-t-on pu entendre. Tous ces témoignages ont fait ressortir le manque de logements sociaux sous différentes formes, sans but lucratif, coopératifs et publics, les seuls échappant à la logique du profit, ainsi que l’insuffisance des protections contre les évictions et la faiblesse des recours à la disposition des locataires confrontés à des abus.

En donnant la parole aux personnes concernées, le FRAPRU a voulu démontrer au gouvernement Legault comment leurs problèmes représentent de multiples violations du droit au logement et rappeler l’urgence que des mesures structurantes, jusqu’ici ignorées par le gouvernement du Québec, soient adoptées.

En clôture de l’événement, Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU, a mis de l’avant la nécessité d’une politique québécoise du logement basée sur la reconnaissance du droit au logement, sur la réalisation d’un grand chantier de logement social et sur un renforcement des mesures légales de protection des locataires. « Il est évident que les crises du logement vont s’enraciner si les différents paliers de gouvernement n’agissent pas rapidement. Le gouvernement québécois est maître d’œuvre de son programme de logement social et communautaire. Or, les améliorations et la bonification du financement de ce programme se font attendre depuis l’arrivée du gouvernement Legault », s’inquiète la porte-parole. « On sort de campagnes électorales municipales où pour une première fois, plusieurs administrations municipales se sont données des objectifs clairs de réalisation de logements sociaux. Pour qu’ils puissent se réaliser, il faut des investissements supplémentaires dans la mise à jour économique et financière du 25 novembre, pour le développement du logement social », a-t-elle dit.

Enfin, Michele Biss, du Réseau canadien du droit au logement, et Shelley Buckingham, du Centre pour les droits à l’égalité dans le logement (CERA), étaient présentes pour documenter les violations systémiques du droit au logement. Elles ont également présenté à l’auditoire, la Loi sur la stratégie nationale sur le logement et les mécanismes mis en place pour pouvoir demander des comptes au gouvernement fédéral sur ses actions en ce domaine. Comme le FRAPRU, les deux organisations attendent avec impatience la nomination prochaine du Défenseur fédéral du logement devant participer à la protection du droit au logement.

Le FRAPRU apprécie que des élus (dont Andres Fontecilla, député de Laurier-Dorion et porte-parole de Québec Solidaire en matière de logement et d’habitation, Véronique Hivon, députée de Joliette et porte-parole du Parti Québécois en matière d’habitation et Alexandre Boulerice, député de Rosemont-La Petitre-Patrie, chef adjoint du NPD) aient assisté à l’événement et compte sur eux pour faire entendre les messages pressants des personnes mal-logées dans l’enceinte des parlements et obtenir les politiques nécessaires à une sortie de ces crises du logement.

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Pour plus d’informations:
Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU : 418 956-3403 (cell.)