Journée mondiale de l’Habitat – Québec et Ottawa sommés de mettre fin aux violations du droit au logement

Montréal, le 2 octobre 2017 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a choisi la Journée mondiale de l’Habitat, célébrée tous les premiers lundis d’octobre, pour conclure dans la métropole sa Tournée pour le droit au logement. L’organisme demande aux gouvernements de mettre fin au mal-logement vécu à Montréal et à travers le Québec. Le thème de la Journée mondiale de cette année, décrété par l’ONU Habitat, est d’ailleurs « Politique du logement – des habitations abordables ».

Une quinzaine de personnes mal-logées ont pris la parole tout au long de cette audience populaire. Elles y ont donné un aperçu des drames quotidiens vécus dans l’anonymat par quelque 168 200 ménages locataires montréalais qui ont des besoins urgents parce qu’ils vivent dans des logements insalubres, trop chers ou trop petits, selon le FRAPRU. « Ces témoignages permettent de constater les graves conséquences de la pauvreté sur les conditions de logement : insalubrité, abus de pouvoir, violences vécues par les femmes chambreuses et locataires, insécurité, discrimination envers les familles, les personnes à faible revenu, les femmes et les personnes racisées », explique Céline Magontier, responsable des dossiers montréalais au FRAPRU, rappelant du coup que deux tiers des ménages montréalais sont locataires.

Dernière d’une série de cinq audiences menées dans cinq régions, en cinq semaines, celle de Montréal a été présidée par Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone. Dans les témoignages qu’elle a entendus, madame Vaugrante, a observé l’impact du non-accès à un logement décent sur la dignité des personnes. Elle déplore que les droits économiques, sociaux et culturels ne soient pas justiciables au Canada et au Québec, ce qui a des conséquences inacceptables sur les groupes et individus les plus désavantagés. « Ça prend des recours pour exercer ses droits, dont celui au logement ; ce qu’on entend aujourd’hui, c’est un déni de justice envers les personnes mal-logées », souligne-t-elle.

Christian Nadeau, président de la Ligue des droits et libertés, qui a présidé trois audiences de la Tournée, à Rouyn-Noranda, Trois-Rivières et Longueuil, a constaté que de nombreuses composantes du droit au logement, tel que le défini l’ONU, comme la sécurité d’occupation, la capacité de paiement, l’accessibilité, l’habitabilité et l’accès sans discrimination, ne sont pas respectées. Comme le FRAPRU et Amnistie internationale Canada francophone, la Ligue des droits et libertés presse Québec et Ottawa de prendre acte des observations de mars 2016 du Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU, déplorant que les deux gouvernements consacrent si peu de leurs ressources pour la réalisation du droit au logement. Cette instance de l’ONU recommande notamment l’accroissement des budgets que le Canada et les provinces consacrent à l’habitation, l’augmentation du nombre de logements sociaux, et le renforcement des protections légales des locataires.

« Les témoignages entendus à Montréal aujourd’hui et tout au long de la tournée démontrent qu’Ottawa et Québec doivent concentrer leurs interventions dans le logement social; ça reste le moyen le plus efficace et le plus durable d’améliorer les conditions de logement des ménages locataires les plus pauvres et les plus mal-logés », affirme Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. Alors que le gouvernement Trudeau laisse entendre qu’il pourrait reconnaître le droit au logement dans la Stratégie canadienne sur le logement qu’il présentera en novembre, le FRAPRU espère que ce sera l’occasion de prendre enfin des engagements financiers en faveur du logement social beaucoup plus importants que ceux prévus pour le moment. Le regroupement, qui a d’ailleurs rencontré à quelques reprises le ministre responsable de l’habitation dans les derniers mois, estime qu’Ottawa doit investir 2 milliards $ de plus par année pour répondre aux besoins les plus urgents.

Pour sa part, s’il n’adhère pas à la Stratégie canadienne, comme l’a annoncé le ministre Martin Coiteux, le gouvernement québécois doit faire connaitre sans tarder ses propres projets pour améliorer les conditions de logement. Selon le FRAPRU, Québec n’a aucune raison de ne pas augmenter, elle aussi, sa contribution au logement social, ni de ne pas adopter un Code national du logement qui assurerait une uniformité dans les obligations et les recours en matière de salubrité, sur l’ensemble du territoire.

Bien qu’il espère des avancées importantes cet automne, le FRAPRU prépare déjà la suite de la mobilisation. Il annonce la tenue d’une grande marche pour le droit au logement qui reliera Ottawa et Québec à l’automne 2018.

-30-