La ville de Québec doit se donner des politiques claires pour améliorer les conditions de logement

Quelques semaines après l’annonce de la reprise de contrôle de la Ville de Québec sur le projet d’écoquartier dans le secteur de la Pointe-aux-Lièvres, c’est au tour du projet prévu pour la Pointe-d’Estimauville de retourner aux mains de la municipalité. Après avoir gagné les appels d’offres en 2012 pour les deux écoquartiers, la Société immobilière Leboeuf abandonne donc les deux projets, qu’elle juge maintenant non rentables.

Les groupes du FRAPRU à Québec jugent que la Ville doit saisir l’opportunité offerte par ce retrait du promoteur pour donner une orientation claire au développement résidentiel qui se fera à la Pointe-d’Estimauville afin qu’il réponde aux besoins de la population mal-logée du secteur avoisinant. Plus précisément, ils demandent aux candidats à la mairie de s’engager à réserver les terrains qui sont déjà propriété municipale pour des logements sociaux. Les groupes leur demandent également de s’assurer que les promoteurs privés soient soumis à l’obligation d’inclure un pourcentage significatif de logements sociaux.

Sur son site web, la Société immobilière Leboeuf promettait un développement « offrant loft, condo, maison de ville, locatif et résidence pour personnes âgées ». Manquaient donc à l’appel des logements répondant aux besoins des familles du secteur, dont on sait qu’elles sont nombreuses à vivre des situations de pauvreté. En effet, souligne Véronique Laflamme, responsable des dossiers de la ville de Québec au FRAPRU, « le taux d’effort au logement dans les quartiers voisins de Giffard et Montmorency dépassent largement la norme reconnue de 30%. Les locataires y consacrent en moyenne 35,5% et 37,9%, respectivement. Il leur reste alors peu d’argent pour répondre à leurs autres besoins essentiels ». Cette dernière ajoute que lors de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement initiée par le regroupement l’automne dernier, des groupes communautaires de ce secteur de Beauport ont déploré que très peu de logement social se construisait dans leur arrondissement et dans son extension, à proximité de D’Estimauville. La rareté des terrains situés à proximité des services pour développer de nouveaux logements sociaux a alors été identifiée comme un problème majeur.

Selon les groupes logement, en reprenant en main le développement de l’écoquartier, la Ville doit s’engager à répondre aux besoins de ces ménages par la construction de logements sociaux sous ses différentes formes (sans but lucratif et coopérative). Ils précisent qu’on devrait y trouver tant des unités destinées à des familles qu’à des personnes seules. « Si la Ville souhaite voir une véritable mixité sociale dans cet écoquartier, elle doit fixer des objectifs clairs et s’assurer que les promoteurs privés vont les respecter, » rappelle Typhaine Leclerc, animatrice-coordonnatrice au Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur, l’un des groupes membres du FRAPRU à Québec.

Comme pour l’écoquartier de la Pointe-aux-Lièvre, le FRAPRU souhaite que les citoyens et citoyennes soient consultés sur le projet d’ensemble.