Le mythe de Laval, ville supposément sans grands problèmes de pauvreté ou de logement, a été sérieusement démenti par les 17 témoignages entendus, le 18 octobre, lors du passage de la Commission populaire itinérante. Groupes et locataires ont, à tour de rôle, nommé des réalités trop souvent tues dans cette municipalité que l’ex-maire Gilles Vaillancourt a dirigé d’une main de fer pendant près de 25 ans : rareté des logements, loyers trop élevés, moisissures ou punaises de lit dont les propriétaires ne veulent pas s’occuper, discrimination et harcèlement, itinérance, etc.
L’absence d’un code du logement dans la troisième ville la plus populeuse au Québec a été vivement critiquée. L’ACEF de l’Île Jésus, qui a organisé l’audience de Laval, a expliqué que la moitié des personnes qui s’adresse à son service aux locataires se plaint de logements en mauvais état. Un locataire malade a même affirmé devant la Commission que son logement est tellement délabré qu’il doit porter des sandales pour prendre sa douche.
La Table de concertation de Laval en condition féminine a démontré que les femmes sont les plus touchées par les problèmes de logement, elles dont le revenu annuel moyen était inférieur de 13 000 $ à celui des hommes lors du recensement de 2006.
De même, des personnes récemment arrivées au pays ont rendu compte de toutes les difficultés auxquelles elles sont confrontées dans la recherche d’un logement. Elles ne peuvent fournir les preuves de solvabilité exigées par les propriétaires (dont la possession d’une carte de crédit), en plus de faire face à de la discrimination en raison de leur origine ou de la taille de leur famille.
Et le logement social ?
Le type de développement privilégié par la Ville de Laval a aussi été vertement dénoncé. Tous les meilleurs terrains, par exemple ceux situés près des trois bouches de métro, sont présentement accaparés par la construction de condominiums et ceux qui demeurent vacants sont très chers. Tout cela rend extrêmement difficiles l’émergence et la réussite de projets de logements sociaux à proximité du transport en commun et des services, comme en ont témoigné l’Association québécoise de défense des droits des retraités et préretraités (AQDR) de Laval et l’En-Droit, un organisme de défense des droits des personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale. Les deux travaillent sur des projets de logements gérés par des organismes sans but lucratif (OSBL)
Pourtant, Laval compte en proportion moins de logements sociaux que le reste du Québec. Les HLM y représentent moins de 4 % des logements locatifs, alors que la moyenne québécoise est de 6 %. Quant aux logements coopératifs et sans but lucratif construits au cours des quinze dernières années, ils comptent pour à peine 1,5 % de l’ensemble des logements locatifs, ce qui est également moins que la moyenne québécoise qui, elle, est de 2,1 %.
Comme si ce n’était pas suffisant, plusieurs locataires ont dénoncé les conditions pitoyables de logement offertes dans un des plus gros complexes de logements sociaux de la ville, les Habitations Val-Martin, propriété d’un Organisme à but non lucratif. Sur les 534 appartements de Val-Martin, autour de 100 sont présentement vacants, en attente de rénovations majeures.
La construction de logements locatifs, elle aussi en concurrence avec les condos, est en perte de vitesse dans cette ville où près du tiers de la population est tout de même locataire. En 2012, à peine 95 logements locatifs ont été mis en chantier à Laval. C’est cinq fois moins qu’en 2011. C’est surtout 12 fois moins que les 1 148 unités de condominiums dont la construction a démarré au même moment.