Montréal, le 2 juillet 2014 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain estime que le logement social, qui a permis de soutenir l’offre de logements locatifs abordables au cours des dernières années, pourrait ne plus être en mesure de jouer un rôle aussi significatif, compte tenu des orientations actuelles des gouvernements.
Le FRAPRU considère que le principal danger provient de la fin des subventions que le gouvernement fédéral verse depuis des décennies à 85 % du parc actuel de logements sociaux du Québec. En 2014, 34 coopératives comptant 401 logements ne recevront plus un tel financement. En 2015, ce sera le tour de 88 coopératives totalisant 2032 logements et ça continuera au cours des années suivantes. Marie-José Corriveau, organisatrice au FRAPRU, affirme que « ce sont les locataires à plus faible revenu, qui occupent entre 25 % et 35 % des logements coopératifs et sans but lucratif financés directement par le gouvernement fédéral, qui en seront les principales victimes, puisqu’ils ne recevront plus l’aide financière additionnelle qui leur permet de payer des loyers de loin inférieurs à ceux payés par les autres locataires ». Mme Corriveau ajoute que « ce parc de logement deviendra du même coup moins accessible financièrement pour que les ménages qui ont besoin de logements à bas loyer ».
Quant au gouvernement québécois, le FRAPRU se dit soulagé que le dernier budget Leitao ait confirmé la construction de 3000 logements sociaux additionnels. Il appréhende cependant les compressions budgétaires qui s’annoncent pour 2015-2016, entre autres avec les travaux de la Commission permanente de révision des programmes mise sur pied par le gouvernement Couillard. « La construction de logements sociaux est déjà nettement insuffisante par rapport aux besoins. Il ne faudrait pas que le gouvernement la sacrifie au nom de la lutte au déficit », avertit Mme Corriveau.
Une grande offensive
François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, annonce que l’organisation passera à l’offensive au cours des prochains mois pour faire face à ces deux dangers et revendiquer davantage de logements sociaux. Une campagne sera amorcée dès la rentrée sous le thème « Le logement, un droit ». Son premier moment fort sera la publication en septembre d’un Dossier noir sur le logement et la pauvreté au Québec qui contiendra des données troublantes sur la situation vécue par un nombre croissant de locataires. François Saillant n’hésite pas à parler d’« une autre forme de crise du logement » pour qualifier l’incompatibilité grandissante entre l’offre du marché privé et la situation financière des locataires. Le lancement sera suivi d’une tournée dans les principales villes du Québec, ainsi que d’une action nationale de visibilité qui se déroulera en novembre. La pression montera avec la tenue en mars 2015 d’une manifestation nationale et surtout avec l’organisation d’un campement urbain en mai 2015. Pendant tout ce temps, le FRAPRU multipliera les pressions sur les élus tant fédéraux que québécois et participera à la lutte plus générale contre les politiques d’austérité budgétaire des gouvernements.
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