Le FRAPRU et l’ACEF de l’Île Jésus pressent les autorités de s’attaquer aux problèmes de logement vécus à Laval

Laval, le 9 mai 2013 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), qui amorce une nouvelle tournée à travers le Québec, joint sa voix à celle de l’ACEF de l’Île Jésus pour réclamer que tous les paliers de gouvernement prennent la mesure de l’ampleur des problèmes de logement vécus à Laval et adoptent des politiques susceptibles de s’y attaquer résolument. Cette demande est faite à l’occasion de la présentation du récent rapport de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement qui dresse un portrait inquiétant de la situation de l’habitation au Québec et à Laval en particulier.

Rédigé au terme d’une consultation qui a permis d’entendre les témoignages de 361 groupes et individus dans les 17 régions administratives du Québec, le rapport de la Commission populaire itinérante, baptisé Urgence en la demeure, conclut que le droit au logement est sérieusement mis à mal au Québec, ce qui a un impact néfaste sur d’autres droits dont ceux à l’alimentation, à la santé et à la sécurité.

Selon François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, « plusieurs observations faites par la Commission reprennent des situations exposées lors de l’audience qui a eu lieu à Laval, le 18 octobre dernier, dont la rareté de logements locatifs à bas loyer ». Il ajoute que la situation ne s’est pas améliorée depuis l’audience, et ce même si le taux de logements inoccupés est remonté à 2,6 %, près du taux d’équilibre fixé à 3,0 % : « Le loyer moyen d’un logement de deux chambres à coucher atteint maintenant 682 $ par mois à Laval. C’est 32 % de plus qu’il y a dix ans. Par ailleurs, les promoteurs semblent s’être totalement désintéressés de la construction de logements locatifs pour se tourner vers les condominiums. En 2012, à peine 95 appartements locatifs ont été mis en chantier sur le territoire lavallois contre 1148 unités de condos. »

Micheline Côté, directrice de l’ACEF de l’Île Jésus, se réjouit que le rapport de la Commission laisse une large place aux problèmes de salubrité qui ont largement été étayés lors de l’audience de Laval : « Plusieurs personnes ont témoigné non seulement de la présence de moisissures, de vermines ou de punaises de lit, mais aussi du laissez-faire des propriétaires et des autorités municipales à cet égard ». Elle note également que le rapport s’attarde aux difficultés particulières de logement vécues par les personnes handicapées ou celles qui ont des problèmes de santé mentale. Ces difficultés ont été au centre de plusieurs témoignages lors de l’audience de Laval.

Les gouvernements interpellés

Le FRAPRU et l’ACEF de l’Île Jésus estiment que les recommandations faites dans le rapport Urgence en la demeure permettraient de s’attaquer plus efficacement aux problèmes de logement vécus à Laval. Les deux organismes pressent donc les paliers de gouvernement d’y donner suite.

Mme Côté souhaite l’adoption d’un Code du logement à Laval, comme se sont dotées la plupart des grandes villes du Québec. Elle considère aussi que la prise en compte des besoins de logements sociaux dans les plans municipaux d’aménagement et d’urbanisme, recommandée par la Commission, s’impose à Laval où le type de développement privilégié ne laisse aucune place à une telle préoccupation.

Elle rappelle que, lors de l’audience de Laval, des organismes impliqués dans la réalisation de nouveaux logements sociaux ont démontré que « tous les meilleurs terrains, par exemple ceux situés près des trois bouches de métro, sont présentement accaparés par la construction de condominiums, alors que ceux qui demeurent vacants sont très chers, ce qui rend extrêmement difficile l’émergence et la réussite de projets de logements sociaux à proximité du transport en commun et des services. Elle souhaite que la ville de Laval s’engage à instaurer une stratégie d’inclusion qui obligerait les promoteurs de certains grands projets immobiliers à inclure un pourcentage de logements sociaux ».

François Saillant, lui, évoque trois autres recommandations de la Commission. La première est l’adoption d’une politique nationale du logement par le gouvernement québécois : « Le Québec dispose de toute une panoplie de programmes, de lois et de règlements en matière d’habitation, mais il manque une vision globale et une stratégie à court, moyen et long terme permettant de s’attaquer à la source même des problèmes de logement ».

La seconde est l’inscription du droit au logement dans la Charte des droits et libertés, « ce qui est demandé depuis 10 ans par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec ».

La dernière est l’accroissement des investissements fédéraux et provinciaux en logement social, de manière à ce que celui-ci occupe une part grandissante du marché locatif et réponde plus adéquatement aux besoins des locataires plus vulnérables : « C’est encore plus une nécessité dans une ville comme Laval qui est un enfant pauvre en matière de logement social. Alors qu’elle compte 3,5 % de l’ensemble des locataires du Québec, elle ne dispose que de 2,4 % des HLM et 1,8 % des logements coopératifs et sans but lucratif réalisés dans AccèsLogis qui est le seul programme permettant encore le développement de nouveaux logements sociaux… ».

- 30 –

Pour plus d’informations François Saillant, FRAPRU, 514-919-2843 Micheline Côté, ACEF de l’Île Jésus, 514-575 9090www.frapru.qc.ca