Le FRAPRU presse les gouvernements de passer à l’action face aux problèmes grandissants de logement de Québec

Québec, le 7 mai 2013 – S’appuyant sur le récent rapport de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement qui dresse un portrait inquiétant de la situation de l’habitation au Québec et dans la Capitale nationale en particulier, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et ses groupes membres de Québec pressent les différents paliers de gouvernement de passer résolument à l’action.

Rédigé au terme d’une consultation qui a permis d’entendre les témoignages de 361 groupes et individus dans les 17 régions administratives du Québec, le rapport de la Commission populaire itinérante, baptisé Urgence en la demeure, conclut que le droit au logement est sérieusement mis à mal au Québec, ce qui a un impact néfaste sur d’autres droits dont ceux à l’alimentation, à la santé et à la sécurité. Selon Mathieu Houle-Courcelles, porte-parole des groupes membres du FRAPRU à Québec, « plusieurs observations et recommandations de la Commission concernent directement des situations exposées lors de l’audience qui a eu lieu à Québec, le 5 novembre dernier, dont l’aggravation continuelle du problème de l’itinérance ou encore la discrimination exercée contre plusieurs catégories de locataires au moment de la recherche d’un logement ».

M. Houle-Courcelles insiste sur le manque de logements à bas loyer illustré dans le rapport de la Commission : « Il est vrai qu’avec un taux de logements inoccupés de 2 %, il y a davantage de logements à louer qu’il y a quelques années dans la région de Québec, mais à quel prix ces appartements se louent-ils et qui peut réellement y avoir accès ? ». Il précise que la pénurie persistante de logements locatifs dans la région métropolitaine de Québec y a fait passer le coût moyen d’un logement de deux chambres à coucher de 550 $ en 2002 à 741 $ en 2012, pour une hausse de 35 % en dix ans. Il ajoute que cela oblige les locataires à des choix difficiles dont la cohabitation forcée avec d’autres ménages, dont des personnes ont témoigné lors de l’audience de Québec de la Commission.

Les gouvernements interpelés

Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, reprend, pour sa part, certaines des recommandations émises par les 14 commissaires pour interpeler les différents paliers de gouvernement sur leurs responsabilités respectives face ces situations problématiques.

À quelques mois des élections municipales, elle demande à l’ensemble des candidates et à des candidats et au premier chef au maire Régis Labeaume de « s’engager formellement à ce que tout développement immobilier d’importance prenne en compte les besoins en matière de logements sociaux et les droits des populations locataires les plus vulnérables, ce qui est loin d’être le cas dans les projets présentement prévus, comme les deux écoquartiers ».

Quant au gouvernement du Québec, elle rappelle que plusieurs recommandations lui sont spécifiquement adressées dont l’augmentation majeure de ses investissements en logement social et « un moratoire national sur les conversions de logements locatifs en copropriétés indivises ». Elle explique cette dernière recommandation en ces termes : « Comme la conversion d’appartements locatifs en copropriétés indivises est présentement légale, plusieurs propriétaires passent par cette formule pour contourner le moratoire actuel sur la transformation en condos. Il faut absolument colmater cette brèche si on ne veut pas perdre davantage de logements locatifs à loyer plus abordable ».

Tout en réclamant que le gouvernement fédéral accroisse de beaucoup ses investissements dans de nouveaux logements sociaux, elle le presse de ne pas aggraver la situation en se retirant du financement à long terme des logements sociaux réalisés par le passé : « Lors de l’audience de Québec, des membres de coopératives d’habitation ont expliqué aux commissaires que la fin prévue des subventions qu’elles reçoivent depuis 35 ans fera perdre aux locataires à plus faible revenu l’aide financière qui leur permet de payer des loyers beaucoup plus bas que ceux des autres membres de la coopérative ; ces locataires se retrouveront avec de fortes hausses de loyer et leurs logements deviendront du même coup moins accessibles financièrement pour les ménages qui en auront besoin dans l’avenir ».

Mme Laflamme annonce qu’une importante manifestation nationale du FRAPRU aura lieu à ce sujet à Québec, samedi prochain, le 11 mai. Le départ se fera, à 13h00, au Jardin Saint-Roch (coin de la Couronne et Charest est). La marche sillonnera les rues des quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur, passant devant plusieurs habitations à loyer modique, coopératives et logements sans but lucratif qui seront, au cours des prochaines années affectées par la fin des subventions fédérales.

Les groupes membres du FRAPRU actifs dans la région de Montréal sont le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur, le Comité logement d’aide aux locataires du secteur ouest de Québec et le Comité populaire Saint-Jean Baptiste.