Montréal, le 14 octobre 2013 – C’est en s’appuyant sur des récentes données de l’Enquête nationale auprès des ménages, menée en 2011 par Statistique Canada, que le Front d’action populaire en réaménagement urbain demande au gouvernement conservateur de Stephen Harper de prioriser l’aide au logement dans son Discours du Trône du 16 octobre.
Le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, lance un véritable cri d’alarme : « L’Enquête nationale auprès des ménages révèle que le nombre de ménages locataires qui doivent consacrer plus de la moitié de leur revenu pour se loger atteint maintenant 773 720 au Canada. C’est 11 % de plus qu’en 2006, au moment de l’arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur. Il est urgent que celui-ci change de cap et respecte ses engagements internationaux en matière de droit au logement ». Il ajoute que l’augmentation a été de pas moins de 31 % en Alberta, la province même du premier ministre Harper. Au Québec, elle a été de 12 %.
Des demandes précises
Le FRAPRU demande premièrement au gouvernement Harper de s’engager sans plus tarder à maintenir les subventions qu’Ottawa verse depuis des décennies à quelque 600 000 logements sociaux déjà existants, dont 127 000 au Québec, de manière à ce que ceux-ci demeurent accessibles financièrement non seulement pour les ménages qui y demeurent présentement, mais aussi pour tous ceux qui en auront besoin à l’avenir. Selon François Saillant, « le nombre de logements subventionnés par le gouvernement fédéral a déjà diminué de 34 000 au Canada, depuis l’arrivée au pouvoir de Stephen Harper. Or, la Société canadienne d’hypothèques et de logement prévoit qu’il chutera de 104 000 additionnels d’ici 2017, si le gouvernement conservateur ne change pas le tir ». Il précise que le Québec, qui avait été jusqu’ici presque totalement épargné par la fin des subventions fédérales, commencera à être très durement touché dès 2014 et 2015.
Le FRAPRU réclame aussi que le gouvernement conservateur annonce son intention d’accroître très sérieusement ses investissements dans le logement dit abordable. Le budget présenté le 21 mars dernier par le ministre des Finances, Jim Flaherty, a annoncé la prolongation de ses investissements jusqu’en 2018, mais c’est à peine 253 millions $ par année qui seront octroyés à l’ensemble des provinces et des territoires. Pour un, le Québec ne recevra, au cours des cinq prochaines années, que 58 millions $ par an du fédéral pour tous ses programmes d’aide au logement, qu’il s’agisse de la construction de nouveaux logements sociaux, d’allocation-logement ou de rénovation domiciliaire ».
Enfin, l’organisme estime que le gouvernement Harper devrait annoncer son intention d’accroître substantiellement son aide à l’habitation des Premières Nations et des Inuits. François Saillant souligne qu’à l’automne 2012, la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, initiée par le FRAPRU, a pu se rendre directement compte des conditions dramatiques de logement vécues dans le village inuit de Kuujjuaq, au Nunavik, et dans la communauté anishnabe de Lac Simon, en Abitibi : « Aux deux endroits, c’est le gouvernement fédéral qui a été blâmé pour son laisser-aller en matière de logement ». Il conclut que là-aussi le gouvernement fédéral aurait avantage à regarder attentivement les données de l’Enquête nationale auprès des ménages qui révèle que 25 % des logements des réserves autochtones sont surpeuplés au Canada, alors que ce pourcentage atteint 37 % dans des villages inuits comme Inukjuaq et Puvirnituq.