Le FRAPRU veut des engagements pour la population montréalaise mal-logée

Montréal, le mardi 16 avril 2013 — Des dizaines de membres du Front d’action populaire en réaménagement urbain se sont attroupés ce matin devant l’ancienne gare Viger, dans l’arrondissement Ville-Marie, pour protester contre la détérioration des conditions de logement des locataires de Montréal au cours de la dernière décennie. En installant une bannière sur la façade de l’ancienne propriété municipale, toujours barricadée, ils ont dénoncé le laisser-faire de l’administration sortante en matière de droit au logement et ont réclamé des engagements clairs de la part des candidates et des candidats — connuEs et à venir — qui briguent la mairie.

Dans une brochure produite par les comités logement, intitulée « Montréal : marchandise ou milieu de vie ? », également lancée ce matin, on fait le tour des problèmes de logement qui affligent les ménages locataires montréalais : spéculation immobilière et hausses abusives de loyer ; construction frénétique de condos, mais manque criant de logements sociaux et manque de sites pour en construire davantage ; absence quasi complète de nouveaux logements locatifs, itinérance en croissance, surtout chez les femmes ; conversions illégales de logements actuels en condos ; surpeuplement, insalubrité et « taudification » des logements, mais aussi négligence chronique de la Ville à faire respecter son code du logement ; etc. La brochure démontre, chiffres à l’appui, combien tous ces problèmes se sont aggravés sous la gouverne de l’administration sortante.

La porte-parole du regroupement et des comités logement, Marie-José Corriveau, a rappelé qu’entre 2001 et 2012, le loyer moyen des locataires a augmenté de 189 $ par mois à Montréal et de 243 $, dans le cas des logements de trois chambres à coucher et plus. Elle a aussi rappelé que les promoteurs privés ne construisent presque plus de logements locatifs ; seulement 650 logements ont été mis en chantier en 2012, contre 6306 condos. Selon Madame Corriveau, « les familles, qui semblent pourtant au cœur des préoccupations de la classe politique montréalaise, ne trouvent tout simplement plus à se loger, sinon que dans les coopératives d’habitation. Mais celles-ci peinent à sortir de terre tellement les terrains sont devenus chers », a précisé la porte-parole.

Selon les groupes logement, toutes les réponses à ces problèmes n’ont pas à venir de Montréal uniquement, mais, selon eux, la Ville pourrait contribuer mieux et davantage à la protection des locataires et des logements existants. « Avec ses programmes, comme Accès Condos, et en soutenant la construction de condos, la Ville a choisi d’aider des gens qui peuvent accéder à la propriété privée ; mais ce n’est pas le cas de la majorité de la population de Montréal qui est toujours en grande partie locataire et à très modeste revenu », a affirmé Nathalie Rech, de Projet Genèse, un des organismes ayant contribué à la rédaction de la brochure. « La situation est critique pour les locataires à faible et à modeste revenus ; il faut changer de cap pour protéger les logements actuels et faciliter, par l’achat et la réservation de terrains et de bâtisses, la construction de nouveaux logements sociaux. Montréal doit mieux défendre sa population auprès des gouvernements », a-t-elle insisté.

D’ici le 3 novembre 2013, les comités logement du FRAPRU comptent bien talonner les aspirants à la mairie de Montréal, jusqu’à ce que des engagements satisfaisants soient pris. Des interventions et des actions sont déjà prévues ce printemps et tout au long de l’automne.