Trois-Rivières, le 28 octobre 2014 – Le nombre de locataires en très sérieuses difficultés financières a fortement augmenté à Trois-Rivières, entre 2006 et 2011. C’est ce qu’affirment le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et le Comité logement Trois-Rivières, à la lumière des données locales du Dossier noir sur le logement et la pauvreté, publié par le FRAPRU. Ce document a été produit à partir des données de l’Enquête nationale auprès des ménages menée en 2011 par Statistique Canada.
La statistique la plus sidérante est l’augmentation de 33 % du nombre de ménages locataires engouffrant plus de 80 % de leur revenu pour se loger à Trois-Rivières. Véronique Laflamme, organisatrice au FRAPRU, en évoque les conséquences: « Payer les 4/5 de ses revenus au loyer ne peut se faire qu’au détriment de ses autres besoins essentiels, à commencer par la nourriture, les vêtements et les médicaments. Tout cela a des impacts certains, notamment sur la santé des personnes ».
Elle précise que les personnes seules, qui comptent pour 58 % des ménages locataires de Trois-Rivières, sont particulièrement touchées par cette situation. Sur 1820 ménages versant plus de 80 % de leur revenu en loyer, 1445 sont en effet des personnes vivant seules, 130 des couples sans enfant et 110 des familles monoparentales.
Le nombre de ménages locataires consacrant plus de la moitié de leur revenu pour se loger s’est lui aussi accru de manière marquée à Trois-Rivières. Il atteint maintenant 4530, ce qui représente 16 % de plus qu’en 2006.
Quant au nombre total de ménages locataires payant plus de 30 % de leur revenu en loyer, il est resté relativement stable à 10 220.Les revenus ont augmenté, les loyers encore plus
Diane Vermette, coordonnatrice du Comité logement Trois-Rivières, constate que le revenu médian des ménages locataires de la ville a augmenté de 12 % entre 2006 et 2011. Elle ajoute du même souffle que « ce ne sont pas tous les ménages qui ont connu un tel accroissement de leur revenu » et que « ceux qui sont restés pauvres ont eu bien du mal à faire face à la hausse du coût du logement ». Celle-ci a été de 13 % en cinq ans à Trois-Rivières, ce qui est de loin supérieur à l’évolution de l’Indice des prix à la consommation.
Selon Diane Vermette, « on dit souvent que le loyer est bas à Trois-Rivières si on le compare à la moyenne provinciale, mais on oublie d’ajouter que le revenu annuel y est de 5 500 $ inférieur à celui gagné à l’échelle du Québec ».
La différence est encore plus grande encore lorsque ce sont des femmes qui sont les principaux soutiens financiers des ménages locataires. Leur revenu médian n’est en effet que de 24 200 $ alors qu’il est de 29 900 $ dans le cas des hommes. C’est ce qui explique, d’après Mme Vermette, que les femmes sont systématiquement plus nombreuses à verser un montant exorbitant de leur revenu en loyer. Elles sont par exemple 41 % à payer plus que la norme de 30 % de leur revenu en loyer, alors que ce pourcentage est de 33 % chez les hommes. « Sans négliger les problèmes de logement vécus par les hommes, force est de constater qu’à Trois-Rivières, le problème du logement se conjugue encore au féminin », conclut la coordonnatrice du Comité logement.
En campagne
La conférence de presse donnée à Trois-Rivières n’est que la première étape d’une campagne menée sous le thème « Le logement, un droit ». Le FRAPRU organisera plusieurs actions et manifestations dans les prochains mois, dont un déménagement simultané de meubles, le 21 novembre, devant les bureaux du premier ministre canadien, Stephen Harper, à Ottawa, et de celui du Québec, Philippe Couillard, à Saint-Félicien. Ces interventions viseront à rappeler aux gouvernements leurs responsabilités à l’égard du droit au logement.
Le FRAPRU et le Comité logement Trois-Rivières estiment qu’il serait nécessaire de financer 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans à l’échelle du Québec, dont 1500 en Mauricie et 1000 à Trois-Rivières même. À peine, 620 logements publics, coopératifs et sans but lucratif ont été réalisés en Mauricie depuis la création du programme AccèsLogis en 1997, dont 193 dans le comté provincial de Trois-Rivières. C’est beaucoup trop peu, aux yeux des deux organismes.
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