Montréal, le 21 octobre 2013 — Une centaine de membres du FRAPRU étaient aux portes du Palais des congrès en fin d’après-midi, armés de casseroles et de sifflets, pour houspiller les candidats à la mairie de Montréal qui se rendaient à l’invitation de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain afin de discuter d’économie. Les manifestants ont dénoncé la faiblesse de leurs engagements en matière de logement. « Deux tiers des ménages montréalais sont locataires, 40 % d’entre eux payent trop cher de loyer et tout ce dont on entend parler, c’est d’accès à la propriété privée pour les familles…?! C’est franchement inapproprié ! », s’est exclamée la porte-parole du FRAPRU à Montréal, Marie-José Corriveau.
Au passage, le regroupement a reproché aux candidats d’avoir refusé son invitation à débattre de droit au logement. « Ils auraient pourtant beaucoup appris », a mentionné madame Corriveau, rappelant que le revenu médian des ménages locataires de Montréal est de l’ordre de 30 000 $ par année et que peu d’entre eux ont les moyens d’accéder à la propriété sans compromettre leurs autres besoins essentiels. Selon elle, « les données de la Société canadienne d’hypothèque et de logement démontrent que, depuis le début des années 2000, le secteur privé ne fait rien pour répondre aux besoins des mal-logés, au contraire. Le développement frénétique de condos, soutenu par la Ville et la trop faible construction de logements locatifs entrainent un embourgeoisement des quartiers centraux ». D’après le FRAPRU, cela compromet le maintien des ménages à faible et à modeste revenu dans leur milieu, à proximité de leurs réseaux d’entraide, et aggrave leur exclusion sociale. « Les gens ne savent pas combien de temps ils auront les moyens de rester dans leur quartier », a précisé la porte-parole du regroupement, rappelant que le loyer médian des locataires a augmenté de 31 % depuis dix ans et que l’itinérance est en croissance partout à Montréal.
Les militantes et les militants du droit au logement s’en sont pris plus particulièrement à Denis Coderre, Mélanie Joly et Richard Bergeron qui proposent simplement de développer les logements sociaux que Québec attribuera à Montréal. « Si on se fie aux dernières années, Montréal s’est vu accorder autour de 1100 nouveaux logements sociaux par année ; à ce rythme, ça va prendre plus de 80 ans pour répondre aux besoins des gens qui doivent consacrer aujourd’hui plus de 50 % de leur revenu pour se loger », a constaté madame Corriveau. Si Marcel Côté propose quant à lui de fixer l’objectif à 15 000 unités en 4 ans, il n’indique pas de quelle façon il compte s’y prendre pour obtenir les investissements requis.
Les membres du FRAPRU ont accueilli toutefois positivement les engagements des quatre principaux candidats à rendre obligatoire l’inclusion de logements sociaux sur les grands sites en redéveloppement, de même qu’à créer une réserve de terrains et de bâtiments pour faciliter le développement de logements sociaux et abordables. Ils ont aussi dit apprécier la volonté de ces candidats à la mairie d’appliquer plus rigoureusement le code du logement pour combattre l’insalubrité.
Enfin, le FRAPRU a invité les candidats à la mairie et leurs équipes à revoir leurs engagements en matière de logement d’ici la fin de la campagne, promettant pour sa part un communiqué la veille des élections pour noter l’ensemble des promesses faites aux mal-logéEs. Le regroupement a également promis d’être présents, après le 3 novembre à l’hôtel de ville et dans les arrondissements, pour réclamer la réalisation du droit au logement pour toutes et tous à Montréal, quel que soit le revenu.