Les conditions de vie des Autochtones sont vivement dénoncées

« La pénurie de logements agit comme un verrou qui bloque l’accès aux droits humains ». C’est à cette conclusion qu’en vient la Commission populaire itinérante sur le droit au logement dans ses observations sur la situation au logement dans les communautés autochtones et plus particulièrement à Lac-Simon. Ces observations sont contenues dans le rapport Urgence en la demeure rédigé suite à une tournée de 19 audiences tenues dans les 17 régions administratives du Québec, à l’automne 2012. Deux audiences se sont tenues en Abitibi, dont l’une à Lac-Simon, le 23 novembre.

Le rapport rédigé par les 14 commissaires indépendants a été présenté en conférence de presse par le Regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue, le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), qui est à l’origine de la Commission.

Danik Laporte, du regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue (RÉPAT), s’est attardé sur le problème du surpeuplement des logements qui est au cœur de la réalité de Lac-Simon : « Comme le démontre le rapport de la Commission, il n’est pas sans conséquence de vivre à six, sept, douze personnes dans un logement de deux chambres à coucher. Le manque de sommeil compromet la réussite scolaire. La promiscuité aggrave des problèmes sociaux comme la violence familiale ou encore la dépendance aux drogues ou à l’alcool. Les familles qui n’ont même pas de logement doivent errer d’une maison à l’autre et la Direction de la protection de la jeunesse menace de leur enlever leurs enfants ».

Il s’est appuyé sur l’Enquête nationale menée en 2011 par Statistiques Canada pour démontrer comment la situation s’aggrave à un rythme accéléré à Lac-Simon. Ainsi, la population y a augmenté de 20 % en cinq ans, ce qui est quatre fois supérieur à l’accroissement de la population québécoise. Le problème du surpeuplement des logements affecte 23 % des ménages, alors que ce pourcentage était de 18 % lors du recensement de 2006. Quant au besoin de réparations majeures, il touche maintenant 38 % des ménages contre 20 % en 2006.

La directrice du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, Édith Cloutier, a affirmé que les conditions en logement demeurent inacceptables pour les membres des Premiers Peuples vivant en milieu urbain. À Val-d’Or, de nombreuses personnes et familles autochtones sont confrontées à toutes sortes d’obstacles souvent discriminatoires qui les empêchent de trouver un logement convenable à prix raisonnable. En ces sens, le Centre d’amitié a proposé en 2009 un projet de construction de logements sociaux, projet accepté par la Société d’habitation du Québec, et qui ne pourra se réaliser qu’avec l’engagement de la Ville de Val-d’Or à titre de partenaire.

L’Enquête nationale de 2011, indiquait d’ailleurs que 850 personnes déclaraient une identité autochtone à Val-d’Or, c’est 5,6 % de plus qu’en 2006.

Des recommandations

Jean-Claude Laporte, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), a précisé que le rapport de la Commission populaire itinérante presse le gouvernement fédéral d’augmenter considérablement ses investissements dans la construction et la rénovation de logements sur les réserves autochtones : « Il est carrément scandaleux qu’à peine 3 nouveaux logements aient été financés par Ottawa en 2012, alors qu’il en manque cent fois plus ». M. Laporte a ajouté qu’il fallait aussi s’occuper des Autochtones vivant en milieu urbain. Il a souhaité que le gouvernement québécois et les municipalités concernées, dont Val-d’Or, collaborent à la construction de logements pour ces familles.

Quant à la situation plus générale du logement à Val-d’Or, M. Laporte a rappelé que le taux de logements inoccupés n’y était toujours que de 0,1 % et qu’il était carrément de 0 % dans les logements pour familles. C’est ce qui explique qu’une trentaine de ménages aient demandé de l’aide d’urgence parce qu’ils n’arrivaient pas à se loger autour du 1er juillet. Selon M. Laporte, « il est pressant de construire davantage de logements sociaux à Val-d’Or, comme dans le reste de l’Abitibi, si on ne veut pas que la situation actuelle perdure encore plusieurs années ».

Il a précisé que le rapport Urgence en la demeure recommande d’accroître de manière urgente le financement de nouveaux logements sociaux de manière à ce qu’ils occupent une part grandissante du marché locatif. En 2013-2014, à peine 3000 logements sociaux sont prévus pour tout le Québec. Les 14 commissaires recommandent aussi l’adoption d’une politique québécoise d’habitation et la reconnaissance formelle du droit dans la Charte québécoise des droits et libertés.