Les crises du logement au Québec

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Action à Montréal pour du logement social maintenant, le 12 février 2022.
Photo: Ophélie Chambily

Des 44 régions métropolitaines, villes et agglomérations du Québec, recensées en octobre dernier par la Société canadienne d’hypothèques et de logement, toutes sauf trois, avaient un taux d’inoccupation des logements locatifs sous le seuil d’équilibre, réputé être de 3 %. Ainsi, seulement 2 sur mille étaient vacants à Granby, 0,1 % à Drummondville et aucun ne l’était à Prévost, dans les Laurentides*.

La crise du logement des locataires
La rareté des logements sociaux est encore plus grande; ils représentent moins de 11 % du parc de logements locatifs.Les listes et les délais d’attente s’allongent pour qui espère un logement dans une coopérative, un OSBL ou un office d’habitation. Selon la Société d’habitation du Québec, 37 149 ménages sont inscrits auprès d’un office d’habitation, pour un HLM**.


À Montréal, bien que le nombre de logements disponibles ait augmenté durant la pandémie, les loyers continuent de grimper. Le marché est comprimé par la financiarisation du logement; on ne construit plus pour loger des gens, mais plutôt pour réaliser des profits juteux, le plus rapidement possible. Pour cela, les promoteurs immobiliers peuvent compter sur des fonds d’investissements disposés à leur confier des prêts risqués, contre un taux de rendement élevé.


Dans ce marché agité, la situation des familles locataires est particulièrement pénible. Elles peinent à trouver un logement accessible financièrement et suffisamment grand. Depuis 2018, le taux d’inoccupation des logements familiaux de 2 chambres à coucher et de 3 chambres à coucher et plus, se situe entre 1,2 % et 2,3 %***. De plus, les parents qui cherchent un nouveau toit pour eux et leurs enfants, font face à de la discrimination éhontée.

La crise du logement des aspirants propriétaires et la réaction politique

Certes, le prix des maisons et des condos a beaucoup augmenté ces dernières années. Cela est sans aucun doute un enjeu pour la classe moyenne. Cependant, ces ménages qui ne peuvent actuellement accéder à la propriété privée, bien qu’aussi affectés par les évictions et la hausse du coût des loyers, ne sont généralement pas à risque de se retrouver à la rue. Les locataires à faible ou à modeste revenus incapables de dénicher un logement, eux, sont à risque élevé d’itinérance.


Pourtant, ce sont vers les aspirants propriétaires que les partis politiques ont fait porter leurs promesses électorales de l’automne dernier. Les entrepreneurs bénéficieront de subventions pour construire des logements dits abordables, mais beaucoup trop chers pour les ménages les plus pauvres. Ils ont généralement pris des engagements beaucoup moins ambitieux en faveur du logement social, même si c’est là que sont les besoins les plus urgents.

Les investissements demandés par le communautaire et les villes
À la fin de l’automne et tout l’hiver, les milieux communautaire et municipal ont cependant fait alliance et ont multiplié leurs interventions pour réclamer des nouveaux investissements en faveur du logement social, dans les budgets de Québec et d’Ottawa.

Marchandisation et financiarisation du logement
Dans le système capitaliste, les entreprises privées emploient de la main-d’œuvre pour produire des marchandises (exemple : construire des logements) ou offrir un service; elles le font dans le but de générer un profit. Au Québec, qui ne reconnait pas le droit au logement, mais reconnaît le droit à la propriété, le logement est considéré comme une marchandise; une occasion de « faire des affaires ».
Dans une économie financiarisée, les acteurs financiers (comme les banques, les sociétés de crédit et les compagnies d’assurances) jouent un rôle de plus en plus grand et prépondérant. Ils proposent des prêts en échange de hauts taux de rendement (intérêts) et fixent les conditions d’utilisation de l’argent prêté. Le profit provient donc du rendement sur des activités financières, et non plus de la production d’un bien ou de l’offre d’un service.
Ces acteurs financiers exercent une influence de plus en plus grande sur l’ensemble des activités économiques des entreprises, des citoyens et des citoyennes (dans le domaine du travail et de la consommation), de même qu’auprès des États, qui veulent protéger leur cote de crédit.
En investissant dans le domaine du logement et en exigeant un rendement élevé et rapide, ces acteurs financiers provoquent des augmentations de loyer importantes. C’est un phénomène planétaire.
La Société canadienne d’hypothèques et de logement a annoncé en juin 2021 qu‘elle étudiera la financiarisation du logement, pour vérifier de quelle manière elle affecte l’accessibilité au logement. On ne sait pas quand l’étude aboutira; c’est à suivre.

* Source : Rapports sur le marché locatif d’octobre 2021; SCHL; février 2022.
** Source : L’habitation en bref – SHQ; édition 2021.
*** Source : Rapports sur le marché locatif d’octobre 2021; SCHL; février 2022.