Longueuil, le 17 novembre 2014 – De plus en plus de locataires doivent consacrer un pourcentage beaucoup trop élevé de leur revenu pour se loger à Longueuil. C’est à ce constat qu’en arrivent le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la Maison La Virevolte de Longueuil et le Comité logement Rive-Sud, à la lumière de données provenant de l’Enquête nationale auprès des ménages menée en 2011 par Statistique Canada. Ces chiffres ont fait l’objet d’une commande spéciale du FRAPRU qui les a utilisés comme base du Dossier noir sur le logement et la pauvreté présenté en conférence de presse aujourd’hui, à Longueuil.
Le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, s’étonne de l’explosion du nombre de ménages locataires longueuillois qui ont à engloutir plus de 80 % de leur revenu pour se loger: « Les gouvernements nous disent qu’un ménage ne devrait pas payer plus de 30 % de ses revenus pour se loger, sans être obligé de couper dans ses autres besoins essentiels. Or, à Longueuil, ils sont maintenant 4075 à en verser, mois après mois, plus de 80 %, ce qui ne leur laisse à peu près rien pour vivre! C’est 37 % de plus que lors du recensement de 2006. »
M. Saillant ajoute que 17 715 ménages versent maintenant plus de 30 % de leur revenu en loyer, ce qui représente une hausse de 10 % par rapport à 2006. Le nombre de locataires en payant plus de la moitié a pour sa part augmenté de 17,5 % pour atteindre 8480.
Selon le FRAPRU, cette aggravation de la situation s’explique par la hausse des loyers qui a été beaucoup plus importante à Longueuil que celle des revenus des locataires. Alors que le loyer médian a crû de 12 % entre 2006 et 2011, le revenu médian n’a progressé que de 5 %.
Des ménages vulnérables
Marie-Ève Bouchard de la Maison La Virevolte constate la vulnérabilité avec laquelle les locataires doivent composer pour se loger convenablement à un prix raisonnable : « Nous accueillons et soutenons plus d’une centaine de familles différentes par semaine et nous sommes à même de constater les difficultés de plus en plus persistantes des familles à répondre aux besoins de base comme se nourrir et se vêtir quand elles engloutissent la grande majorité ou presque la totalité de leurs revenus mensuels pour se loger ».
Mme Bouchard constate par ailleurs que la moitié des personnes vivant seules consacre plus de 30 % de ses revenus pour se loger et le quart plus de 50 % à Longueuil.
Les femmes sont aussi surreprésentées parmi les ménages locataires payant un trop haut pourcentage de leur revenu en loyer. Le pourcentage de femmes dont 30 % du revenu passe en loyer est de 41 %, alors que cette proportion est de 34 % dans le cas des hommes.
Ça prend du logement social
François Giguère, du Comité logement Rive-Sud, constate que, « malgré tous ces problèmes, Longueuil demeure défavorisée en termes de logement social ». Ainsi, la ville ne compte qu’un peu plus de 4000 unités de HLM, de coopératives d’habitation et de logements gérés par des Organismes sans but non lucratif (OSBL). Elles représentent 9 % du parc de logements locatifs longueuillois, alors que ce pourcentage est de 11 % à l’échelle du Québec.
M. Giguère estime que l’aggravation des conditions de vie des locataires de Longueuil plaide en faveur d’un accroissement sérieux de la construction de nouveaux logements sociaux. Il ajoute que le marché privé a démontré au cours des dernières années qu’il était de moins en moins intéressé à construire de nouveaux logements locatifs. Citant des chiffres de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, il affirme qu’entre janvier 2011 et septembre 2014, à peine 520 logements locatifs ont été mis en chantier à Longueuil, alors que ce fut le cas de 2734 unités de condominiums. « C’est cinq fois plus de condos que de logements de location », s’exclame M. Giguère, en ajoutant que « les rares logements locatifs construits par le privé ne sont absolument pas accessibles financièrement aux ménages à faible et modeste revenus ».
Le FRAPRU, la Maison La Virevolte et le Comité logement Rive-Sud réclament le financement de 50 000 logements sociaux en cinq ans à l’échelle du Québec. De ce nombre, 5900 pourraient se réaliser en Montérégie, dont 1900 dans la ville même de Longueuil.
– 30 –