Logement et pauvreté à Saguenay : l’amélioration de la situation n’a pas bénéficié à tout le monde

Saguenay, le 7 octobre 2014 – La situation du logement s’est légèrement améliorée à Saguenay entre 2006 et 2011, mais cette embellie est loin d’avoir bénéficié à l’ensemble des locataires. C’est en ces mots que le Front d’action populaire en réaménagement urbain et Loge m’entraide ont présenté les données locales du Dossier noir sur le logement et la pauvreté, publié récemment par le FRAPRU.

Les deux organismes précisent que le nombre de ménages locataires consacrant plus que la norme de 30 % de leur revenu au loyer a quelque peu fléchi à Saguenay, passant de 8160 en 2006 à 7870 en 2011, selon des chiffres provenant de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM), menée par Statistique Canada. Alors que 35 % des locataires étaient aux prises avec ce problème lors du recensement en 2006, ce pourcentage est passé à 32 % en 2011.

Le FRAPRU et Loge m’entraide constatent toutefois que le nombre de ménages locataires en plus grande difficulté, ceux qui versent plus de la moitié de leur revenu en loyer, lui, n’a pas diminué, 3590 ménages étant toujours dans cette situation difficile.  Pire encore, le nombre de ménages devant engouffrer plus de 80 % de leur revenu en coût de logement a augmenté de pas moins de 17 % pour atteindre 1720. C’est 245 locataires de plus qu’en 2006.

Véronique Laflamme, organisatrice au FRAPRU, explique ce phénomène: «  La situation économique de Saguenay s’est améliorée durant la période séparant le recensement de 2006 et l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011. Il en est résulté une hausse marquée du revenu médian des ménages locataires qui est passé de 25 607 $ à 30 068 $, pour un bond de 17 %. Toutefois, les ménages, dont le revenu n’a pas suivi une telle progression, ont eu bien du mal à suivre la hausse du loyer médian qui a été 12 % durant la même période. Plusieurs se sont du même coup retrouvés dans la situation extrême de verser les 4/5 de leurs revenus en loyer, au détriment évident de tous leurs autres besoins essentiels et, au premier chef, de la nourriture».

Des femmes et des personnes seules

Poussant un peu plus loin l’analyse, Sonia Côté, coordonnatrice de Loge m’entraide, affirme que la situation des femmes locataires s’est dégradée entre 2006 et 2011, alors que celle des hommes a eu tendance à s’améliorer : « Le problème du logement est plus que jamais majoritairement féminin. À Saguenay, les femmes représentent la moitié des ménages locataires, mais comptent pour 60 % de ceux qui paient plus de la moitié de leur revenu pour se loger ». Elle ajoute que le nombre de femmes locataires y engloutissant plus de 80 % s’est accru de 25 % chez les femmes contre 7 % chez les hommes.

Mme Côté ajoute que les personnes seules sont également beaucoup plus affectés par les problèmes de logement. Ainsi, elles sont maintenant 45 % à consacrer plus de 30 % de leur revenu en loyer, 22 % à en payer plus de la moitié et 11 % plus de 80 %.

« Le logement, un droit »

Le FRAPRU a profité de son passage à Saguenay pour présenter la campagne « Le logement, un droit » qu’il mènera tout au cours de 2014-2015, de pair avec ses membres, dont Loge m’entraide. La campagne vise à faire pression sur les gouvernements supérieurs afin qu’ils augmentent leurs investissements dans de nouveaux logements sociaux, tout en protégeant ceux qui existent déjà. Outre la tournée présentement en cours sur le Dossier noir sur le logement et la pauvreté, elle comprendra plusieurs actions et manifestations, dont une qui se déroulera devant le bureau de circonscription du premier ministre québécois, Philippe Couillard, à Roberval, le 21 novembre prochain.

L’examen des dépenses auxquels se livre présentement le gouvernement libéral québécois inquiète particulièrement le FRAPRU. Non seulement veut-il s’assurer de la reconduction des 250 millions $ que le dernier budget a consacrés à la réalisation de 3250 logements sociaux, mais il réclame une sérieuse augmentation de cette somme. Il estime que l’ampleur des problèmes justifie le financement de 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans au Québec, dont près de 800 qui pourraient se réaliser à Saguenay.

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