Par Laury Bacro, Coordonnatrice du Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec (RSIQ)
Des orientations fédérales qui risquent de contrecarrer les initiatives en cours
À l’aube de la signature d’une sixième Entente Canada-Québec sur l’itinérance, le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec et ses membres exigent le respect des orientations et des priorités du Québec en matière de lutte à l’itinérance dans la redistribution des financements fédéraux de lutte à l’itinérance pour promouvoir une approche globale et communautaire et une diversité d’actions en itinérance.
Les actuelles négociations en lien avec le programme Vers un Chez soi (2019-2029) sont préoccupantes, notamment quant aux orientations fédérales de réduire l’itinérance chronique en 10 ans. Ce bel objectif ne doit pas pour autant être imposé partout unilatéralement et l’identification des besoins et des objectifs devrait pouvoir continuer à se faire régionalement pour répondre aux besoins des populations locales.
Dans toutes les régions, le maintien d’une approche globale et communautaire de lutte à l’itinérance est important car seule cette approche permet de s’ajuster aux réalités changeantes de l’itinérance sur chaque territoire, de respecter le rythme des personnes accompagnées et de les orienter vers les services les plus adaptés à leurs besoins.
L’accès coordonné : le fichage des personnes en situation d’itinérance
Les systèmes d’accès coordonné sont une autre orientation fédérale. Ils consistent en un recueil de données centralisées des personnes en situation d’itinérance ou à risque de le devenir, lorsqu’elles sollicitent des services. Les organismes communautaires en itinérance qui travaillent auprès des personnes marginalisées ont signaléle risque de voir ces dernières refuser de se rendre dans les services sachant que des données sont collectées par le gouvernement. La dimension intrusive des questionnaires pourrait menacer la relation de confiance déjà en place entre les intervenantEs et les personnes rejointes.
Une approche globale et communautaire
Le RSIQ s’inquiète que l’offre de services de prévention et de réduction de l’itinérance basée sur une approche globale et communautaire, qui a fait ses preuves, soit fragilisée par les orientations fédérales. Par conséquent, ce sont non seulement des centaines d’organismes qui seront touchés, mais aussi l’ensemble du réseau d’intervention en matière d’itinérance.
Le 7 juin dernier, une motion présentée à l’Assemblée nationale du Québec faisant la promotion d’une diversité d’actions en itinérance et de la consolidation des orientations québécoises en matière de lutte à l’itinérance a été adoptée à l’unanimité. Le RSIQ et ses membres, alliés et partenaires restent mobilisés pour que la nouvelle Entente respecte et consolide les initiatives déjà à l’œuvre au Québec.
Les revendications du RSIQ
À l’aube des élections générales fédérales, le RSIQ demande que le cadre de la nouvelle Entente Canada-Québec respecte les planifications régionales, les principes de l’action communautaire autonome, les droits des personnes et soutienne le déploiement d’une diversité d’actions dans une approche globale et communautaire. De plus, le regroupement recommande de ne pas implanter le système d’accès coordonné au Québec.
Il est d’autant plus nécessaire d’agir dans l’unité pour faire entendre la voix des organismes qui œuvrent en itinérance et des concertations régionales en itinérance. L’expertise et les approches qui se sont développées régionalement pour répondre aux besoins locaux doivent être reconnues !
On peut consulter le mémoire « Vers un chez soi : Pour une Entente Canada-Québec qui consolide une approche globale et communautaire dans la lutte à l’itinérance » sur le site du RSIQ à https://rsiq.net/actualites.