Montréal, le 12 février 2022– Alors que les histoires dramatiques de locataires malmenés par le marché continuent de s’accumuler et que les voix se multiplient pour réclamer un réinvestissement majeur dans le logement social, le FRAPRU a interpellé directement le premier ministre cet après-midi, à l’occasion d’une manifestation qui s’est terminée devant ses bureaux montréalais. Des meubles ont été laissés sur place, symbolisant le sort réservé aux locataires victimes d’éviction ne réussissant plus à se reloger, en l’absence d’alternatives.
À quelques semaines du dernier budget de la CAQ avant les élections générales de l’automne, près de 500 locataires de Montréal ont marché aux côtés de comités logement et d’autres groupes communautaires, féministes, étudiants et syndicaux également préoccupés par le droit au logement. Ils et elles ont revendiqué des investissements immédiats et ambitieux pour le logement social et le maintien du programme AccèsLogis.
Le FRAPRU et ses groupes membres montréalais s’inquiètent de la gravité de la crise du logement que subit la métropole. Ils constatent une augmentation fulgurante du nombre de locataires victimes de hausses abusives de loyer, de reprises de logement, de harcèlement et de tentatives d’évictions frauduleuses. Plusieurs locataires craignent de ne pas trouver de logements d’ici la fin de leur bail.
Selon le regroupement, le nombre de ménages locataires ayant dû recourir à de l’aide d’urgence l’an dernier et de ceux qui étaient toujours sans-logis au début de 2022, illustre la profondeur qu’atteint la crise. En 2021, 931 ménages locataires ont fait appel au service de référence de la Ville, dont 392 se sont effectivement retrouvés sans-logis et ont dû être accompagnés. L’Office municipal d’habitation quant à lui, a reçu 800 nouvelles demandes de HLM depuis un an; sa liste d’attente compte maintenant presque 24 000 ménages.
Le regroupement craint que la situation ne dégénère encore. « Les trois derniers budgets de la CAQ ont accordé un financement insignifiant pour de nouveaux logements sociaux et on n’a pas indexé convenablement le programme AccèsLogis depuis plus de 10 ans; cela a eu pour conséquence de bloquer la construction de logements coopératifs et sans but lucratif pourtant prêts », dénonce sa porte-parole, Véronique Laflamme. « En 4 ans, les fonds de Québec ont permis de livrer que 1137 logements sociaux à Montréal; ça n’a pas de bon sens ! », ajoute-t-elle, en exhortant le gouvernement Legault d’y remédier sans plus attendre.
« La crise du logement à Montréal n’est pas due qu’à un problème d’offre; il y a des logements disponibles, mais ils sont hors de prix pour les 87 000 ménages locataires, majoritairement des femmes, qui consacrent déjà plus de la moitié de leur revenu au loyer », précise Véronique Laflamme, ajoutant que « ce que le marché privé continue de construire est encore plus cher ». « Si on veut sortir de cette crise une fois pour toute, il faut augmenter la part de logements locatifs hors marché et pour cela, Québec doit lancer un grand chantier de logements sociaux », insiste-t-elle, rappelant que « les données compilées par la Communauté métropolitaine de Montréal démontrent que moins de 7 % des logements mis en chantier au cours des quatre dernières années étaient des logements sociaux ».
Selon le FRAPRU, sur l’ensemble des projets montréalais totalisant 2938 logements sociaux déjà approuvés dans AccèsLogis et engagés, plus de la moitié ont été mis sur la glace dans l’attente d’une bonification du programme; d’autres projets déjà approuvés totalisant pas moins de 734 unités sont dans les cartons et pourraient ne jamais sortir de terre. Parmi ceux-ci, on retrouve les projets de l’ex-hôpital chinois dans Villeray, de la reconversion de l’ancienne Plaza Hutchison dans Parc-Extension et les Cours Bellerive dans l’est de Montréal. Des panneaux illustrant ces projets et plusieurs autres ont d’ailleurs été déposés en fin de manifestation devant le bureau du premier ministre.
Selon le FRAPRU et de nombreuses autres organisations, le nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) annoncé récemment ne résoudra pas les crises du logement qui traversent le Québec, puisqu’il ne s’adresse pas aux ménages à faible revenu et que les logements privés qu’il subventionnera ne demeureront pas abordables de façon pérenne. Rappelons que de nombreuses questions sur les loyers des logements ainsi subventionnés demeurent toujours sans réponse. « Que restera-t-il donc aux ménages les plus pauvres ? », demande la porte-parole du FRAPRU. Elle enjoint le premier ministre de confirmer sans attendre le maintien d’AccèsLogis pour de futurs projets et d’y réinvestir les sommes nécessaires non seulement pour livrer ceux déjà conçus, mais aussi en produire d’autres, en fonction des besoins des différentes communautés.
Lors de la dernière campagne électorale, l’administration Plante s’est engagé à développer 2000 nouveaux logements sociaux par année. Pour sa part, le FRAPRU demande le financement de 10 000 nouveaux logements sociaux dès le prochain budget, dont 4 500 pour Montréal. Pour répondre à la diversité des besoins, il demande aussi au gouvernement de relancer la construction de HLM.
La manifestation donnait le coup d’envoi d’une semaine d’actions régionales organisées par les membres du FRAPRU. Dans les prochains jours, des mobilisations interpellant le gouvernement québécois se tiendront à Saguenay, devant le bureau de la ministre Andrée Laforest, à Saint-Constant en Montérégie, devant le bureau de la ministre Danielle McCann, à L’Assomption, devant le bureau de circonscription du premier ministre, à Québec, devant le ministère des Finances, à Gatineau, devant le bureau du député caquiste Mathieu Lévesque, de même qu’à Sherbrooke, Rouyn-Noranda et Rimouski.
– 30 –
Pour plus d’informations:
Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU : 418 956-3403 (cell.)