Ouverture de la Tournée à Gatineau: Insalubrité et abus de pouvoir

Témoignage entendu lors de l’audience populaire tenue à Gatineau, le 6 septembre (photo : Jacynthe Morin).

Un problème dénoncé lors de l’audience tenue à Gatineau est celui de l’insalubrité, malgré que Gatineau soit une des rares villes québécoise à s’être dotée d’un code de salubrité. Florent Lacroix en a fait la détestable expérience.

Florent occupait depuis un certain temps un logement d’une chambre à coucher, qui lui coûtait 570 $ par mois, plus 200 $ pour l’électricité, quand les infiltrations d’eau ont commencé chez lui. La toiture de la maison étant en fin de vie utile, le plafond de la cuisine a fini par s’effondrer. Malgré ses demandes répétées, le propriétaire n’a pas fait les réparations requises. À la demande de Florent, une inspectrice de la Ville est venue constater l’état des lieux. Elle a convenu verbalement que le logement était inhabitable et a recommandé au locataire de quitter; elle a toutefois refusé de l’écrire dans son rapport. Pour protester, et à bout d’arguments, Florent a cessé de payer son loyer. Le propriétaire l’a amené à la Régie du logement pour non-paiement de loyer et a obtenu la résiliation du bail. Au final, Florent Lacroix s’est vu imposer les frais de justice, en plus du remboursement de loyers dus, avec intérêts. La Régisseuse a cependant affirmé que sa décision aurait été tout autre si elle avait eu la preuve que le logement était inhabitable, avec un rapport en ce sens, de la Ville ou d’un tiers.

Un autre déni du droit au logement évoqué à Gatineau est la propension arrogante de propriétaires à s’introduire chez les locataires, comme s’ils étaient en terre conquise. Le cas de Katey Lacroix, mère monoparentale de deux enfants, est particulièrement scandaleux.

Katey a raconté comment son propriétaire s’est introduit dans son logement sans s’annoncer, pendant qu’elle y dormait ou alors qu’elle n’y était pas. Pire, en plein hiver, il lui a coupé l’électricité pour finalement l’évincer du logement, manu militari. Alors qu’elle s’était réfugiée chez sa fille aînée, il en a profité pour vider son logement, laissant ses effets personnels sur la rue, sous la pluie. « Tout le monde a fouillé dans mes affaires; j’en ai perdu beaucoup », a-t-elle raconté. Depuis, elle a dû déménager 5 fois, dans des logements trop chers pour elle, souvent en mauvais état. Elle espère maintenant un logement social pour sa famille.

Gatineau, ville universitaire, est supposée être une terre d’accueil pour les nouveaux arrivants. Mais les conditions de logement qu’on leur y réserve sont souvent synonymes de violations du droit au logement.

Mapendo Néhema, mère monoparentale de deux enfants, est une réfugiée politique. Après avoir habité pendant 20 ans dans des camps de réfugiéEs, elle est arrivée au Canada en 2015 et s’est d’abord installée dans un 3 ½. Elle a cherché et trouvé un logement un peu plus grand, mais les relations avec le propriétaire sont devenues tendues. Il lui a réclamé 800 $ pour réparer une fenêtre que ses enfants ont malencontreusement brisée en jouant. Avec un revenu alors d’à peine 567 $ par mois d’aide sociale et un loyer de 630 $, elle n’avait évidemment pas les moyens de payer. Devant l’insistance du propriétaire, et mal au fait de ses droits, elle a fini par y consentir. Elle paye maintenant 646 $ par mois. Mapendo continue de chercher un logement meilleur marché, mais n’y arrive pas.