Montréal, le 19 mars 2017 – Le budget que présentera le ministre des Finances, Bill Morneau, le 22 mars prochain, est déterminant parce qu’il validera le sérieux des interventions fédérales pour assurer le droit au logement, au Canada. C’est pourquoi le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) suivra son dépôt avec attention. « C’est dans ce budget que nous verrons si les consultations sur la Stratégie canadienne sur le logement, tenues l’automne dernier, auront des suites concrètes pour l’amélioration des conditions de logement », explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. Le regroupement québécois met en garde le gouvernement Trudeau de retarder davantage l’annonce des sommes requises pour répondre sans plus attendre aux immenses besoins.
Bien qu’il souhaite l’adoption et la mise en œuvre rapide d’une Stratégie canadienne sur le logement reconnaissant formellement le droit au logement, c’est sur l’annonce du maintien des subventions à long terme aux locataires à faible revenu de logements sociaux existants et des investissements nécessaires pour de nouveaux logements sociaux que l’organisme jugera le budget Morneau.
Le maintien des subventions aux logements sociaux existants attendu
Le FRAPRU espère, dans un premier temps, que le budget Morneau assure la pérennité des logements sociaux, en maintenant, au-delà de 2018, les subventions à l’ensemble des 531 100 logements sociaux, au Canada qui en reçoivent encore, dont 113 650 au Québec. Le FRAPRU s’inquiète que le nombre de logements recevant des subventions fédérales à long terme ait chuté de 22 600 durant la seule année 2015. Il souligne que le phénomène s’accélèrera dans les prochaines années, si Ottawa n’intervient pas rapidement. « Le budget de 2016 a bien annoncé le maintien des subventions, mais uniquement pour une période de deux ans et pour une minorité des logements sociaux concernés. On est loin de la promesse faite en campagne électorale par Justin Trudeau », rappelle la porte-parole.
Des investissements additionnels pour de nouveaux logements sociaux
Selon le FRAPRU, les besoins pressants en matière de logement et d’itinérance exigent, d’autre part, une injection substantielle de fonds destinés spécifiquement à la réalisation de nouveaux logements sociaux. Il demande donc au gouvernement libéral d’annoncer des investissements à long terme d’au moins 2 milliards de dollars par année afin d’améliorer les conditions de vie des 1 550 000 ménages canadiens ayant des besoins impérieux en matière de logement. « Le Canada est au 16e rang de l’OCDE, sur 24 pays recensés, en ce qui concerne le nombre de logements sociaux sur l’ensemble des logements disponibles, c’est honteux pour un pays riche comme le nôtre », s’indigne Véronique Laflamme.
Le FRAPRU espère que le gouvernement fédéral concentrera ses interventions en habitation sur le logement social, le seul modèle qui soit réellement et durablement abordable pour les ménages à faible et à modeste revenus. En ce sens, il le presse de mettre en œuvre les recommandations de mars 2016 du Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU qui demandent au gouvernement Trudeau « de mettre au point et d’appliquer avec efficacité une stratégie nationale du logement fondée sur les droits humains », et de « prendre des mesures efficaces pour accroître considérablement le nombre de logements sociaux abordables disponibles ».
Pauvreté et logement : des stratégies qui doivent être financées
Enfin, le FRAPRU signale que le deuxième budget Morneau sera également l’occasion de savoir où se situe le gouvernement Trudeau concernant la mise en œuvre d’une stratégie canadienne de réduction de la pauvreté, pour laquelle les consultations sont en cours. « Cette stratégie, comme celle sur le logement, devra être accompagnée d’un investissement substantiel de la part de l’État canadien pour soutenir concrètement les ménages à faible revenu, notamment, par des transferts accrus aux provinces et aux territoires, lesquels sont responsables de l’aide sociale », avise madame Laflamme.
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