C’est entre autres parce que Sainte-Thérèse est la ville où l’on retrouve la plus grande proportion de locataires dans les Laurentides (52,4 %) que le Commission a choisi de s’y arrêter pour tenir audience, le 15 novembre. L’évènement était organisé en collaboration avec la Table de concertation de lutte à la pauvreté Thérèse-de-Blainville, dont certains membres ont formé un comité qui s’intéresse à la question du logement social et cherche à faciliter son développement.
« Parce l’égalité de droit n’est toujours pas une égalité de fait »
Dans les Laurentides, les locataires sont majoritairement des femmes et ce sont elles aussi qui sont le plus durement touchées par la pauvreté. Rappelant que le logement est un des déterminants de la santé, la coordonnatrice du Centre Rayons de femmes, Micheline Gauthier, a parlé de la grande précarité et de l’isolement que vivent beaucoup de femmes à modeste ou faible revenu, dans une région où l’on trouve trop peu de logements sociaux pour les accueillir. « Des femmes attendent depuis 12 ans sur la liste des HLM ! », a-t-elle déploré.
La discrimination vécue par les femmes, notamment dans la recherche de logement, ainsi que l’intimidation à laquelle se livrent certains propriétaires abusifs ont été dénoncées par l’organisme qui tente tant bien que mal d’encourager les locataires à défendre leurs droits. Car à Sainte-Thérèse, il n’y a pas d’organisme dont la mission soit la défense des droits des locataires et le milieu s’en ressent. Il faut aller à Saint-Jérôme pour trouver un tel groupe, le Carrefour d’actions populaire de Saint-Jérôme, ou encore à Saint-Eustache, où l’Association de promotion et d’éducation en logement (APEL) a pignon sur rue.
Des conditions de vie scandaleuses
Une réalité méconnue, celle des travailleurs migrants employés par des fermes laurentiennes, a été dépeinte par l’Alliance des travailleurs agricoles de Saint-Eustache. L’organisation syndicale, qui tente d’aider ces travailleurs venus principalement d’Amérique centrale et du Mexique à améliorer leurs conditions de travail, a décrit le cauchemar qui attend certains d’entre eux à leur arrivée en sol québécois.
Tenus de résider sur des lieux prévus par l’employeur, les travailleurs doivent composer avec des conditions de logement difficiles, voire carrément inhumaines. Certains seraient forcés de vivre jusqu’à 8 personnes dans des conteneurs à marchandise. On raconte que des installations entières sont privées d’eau potable, posant des risques pour la santé publique. De plus, plusieurs propriétaires de fermes contrôleraient abusivement les allées et venues de leurs employés et l’utilisation du téléphone, craignant que les travailleurs s’organisent. Quand les conditions de logement sont moins critiques, elles sembleraient fréquemment marquées par l’insalubrité et le surpeuplement.
Si les atteintes aux droits qui ont été rapportées lors de l’audience sont graves, elles ne semblent pas préoccuper outre mesure le gouvernement canadien, dont le dernier programme de recrutement des travailleurs migrants, à l’avantage des fermiers, a été jugé discriminatoire par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
L’attrait des Laurentides
Dans un autre registre, Droits et recours Laurentides, qui travaille à la promotion et à la défense des droits en santé mentale, a expliqué que de plus en plus de personnes venues de Montréal choisissent de s’installer dans les Laurentides, pour quelques mois ou à l’année, principalement dans des condos. Selon l’organisme, cette migration engendrerait une pression indue sur ceux et celles qui sont à faible revenu et qui trouvent plus difficilement à se loger : « Ça fait une pression sur la hausse des loyers et ça entraîne des reprises et des évictions », a déclaré la porte-parole.
Avec une population qui ne se cesse de s’accroître et un territoire vaste, la région des Laurentides fait face à de nombreux défis en matière de respect du droit au logement. Et ces défis commandent, comme l’a rappelé une citoyenne de Boisbriand venue demander du logement social, une bonne dose de volonté politique.