En logement, comme dans les autres domaines, le budget Leitão peine à réparer les dégâts des dernières années

Québec, le 28 mars 2017 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) reçoit favorablement le retour des investissements dans le logement social à la hauteur de 3000 unités cette année. Cependant, il note que non seulement ces nouveaux investissements sont insuffisants, mais qu’ils équivalent au nombre de logements qui n’ont pas été financés depuis deux ans en raison des coupes budgétaires. L’organisme déplore, qu’après avoir coupé dans tous les secteurs, Québec se prive toujours de nouveaux revenus en diminuant la contribution fiscale des mieux nantis, plutôt que de consacrer les fonds nécessaires au respect des droits et à la lutte à la pauvreté.

« Avec ce budget, les 270 340 ménages locataires qui ont des besoins impérieux de logement n’ont pas de grands espoirs de voir leurs conditions de vie s’améliorer à court terme », commente Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. Selon le regroupement, qui revendique 50 000 nouveaux logements sociaux en 5 ans, il aurait fallu faire plus. « Non seulement Québec dispose d’un surplus budgétaire de 3,7 milliards $, incluant le versement au Fonds des générations, mais il recevra 400 millions $ du fédéral, dans le cadre de l’entente bilatérale sur le logement; cette somme devrait être réinvestie dans le logement social », insiste madame Laflamme. L’organisme déplore que le budget ne contienne aucune bonification du programme AccèsLogis, comme cela avait été unanimement réclamé lors des consultations organisées par Québec sur ses approches en habitation l’an dernier, ce qui laisse appréhender la poursuite des problèmes de réalisation, notamment dans les régions.

 

Lutte à la pauvreté : encore reportée

Le FRAPRU est exaspéré par le report de l’adoption du nouveau plan de lutte à la pauvreté, à l’automne prochain. Il dénonce que le Plan économique présenté aujourd’hui ne prévoit absolument aucune mesure permettant de rehausser immédiatement la prestation de base d’aide sociale qui ne couvre même pas 45% des besoins essentiels. La seule annonce en la matière vise à rehausser le revenu des personnes qui retournent sur le marché du travail. Le FRAPRU s’inquiète du renforcement de la logique libérale liant l’aide de dernier recours à l’obligation de travailler, ce qui va à l’encontre du droit à un revenu suffisant pour tous et toutes, peu importe leur situation, tel que défini par l’ONU.

Le FRAPRU salue cependant les investissements supplémentaires de 7 millions $ prévus d’ici 2020-2021 pour le Plan d’action interministériel en itinérance, mais s’inquiète de l’absence d’investissements dans des mesures structurantes à long terme. « Si on n’investit pas davantage dans le logement social et qu’on ne rehausse pas les prestations d’aide sociale, on n’offre pas grand-chose aux personnes qui sont à la rue ou qui risquent de l’être », dit Véronique Laflamme.

De bonnes nouvelles pour l’aide à l’habitat, mais…

Le FRAPRU constate avec soulagement le retour des investissements dans les programmes d’aide à l’habitat, avec 73 M $, pour RénoRégion, Rénovation Québec et d’adaptation de domicile pour les personnes en situation de handicap et les personnes aînées autonomes. Cependant, il rappelle que ces programmes avaient été coupés de façon importante dans les précédents exercices budgétaires et que ce montant est inférieur aux investissements qui y étaient alors consacrés. « Là encore, Québec aurait dû faire plus », s’insurge madame Laflamme. Elle rappelle que, selon l’Institut de la Statistique du Québec, plus de 40 000 personnes en situation de handicap habitent dans des logements qui ne répondent pas à leurs besoins.

Un budget de renoncement

Selon le FRAPRU, ce budget confirme la poursuite des politiques néolibérales au Québec, qui se traduisent par l’affaiblissement de la capacité de dépenser de l’État et la fragilisation des services publics et des programmes sociaux. Même s’il juge très habile la baisse générale d’impôt accordée grâce à l’augmentation du montant des revenus exempts d’impôts, il déplore que le budget n’ait pas compensé par une hausse des impôts des contribuables les mieux nantis et qu’il n’ait pas revu les abris fiscaux dont ils bénéficient. « Québec a clairement renoncé à adopter une série de mesures budgétaires et fiscales qui lui permettrait de dégager les fonds nécessaires à un réinvestissement massif dans les programmes sociaux, les services publics et l’action communautaire autonome », conclue sa porte-parole.

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